Trio parisien, Order 89, en enfant des 80’s dont il semble avoir retenu beaucoup d’éléments déterminants, joue une cold-wave marquée par la new-wave, à moins que cela ne soit l’inverse, qui sur ce Bleu acier très complet, très abouti, m’évoque (le rapprochement est entièrement positif) Grand Blanc. A ceci près qu’ O 89, pour les « intimes », a visiblement lui aussi trouvé, après une maturation longue et à l’évidence pensée, son style.
A l’écoute, le constat se vérifie. Verbe poétique, boucles synthétiques et guitares tantôt offensives, tantôt plus bridées, voisinent sans dommage. Un lancinant Perdition inaugure l’album, puis Mémoire pirate assaille en étant « allégé » par des motifs de claviers bien sentis. Entre cold et new, la wave ne tranche pas. Il y a là, le début du disque le démontre, assez d’intensité et d’inspiration pour ne pas tomber dans le panier déjà chargé des groupes se disant cold ceci ou synth cela. Edward, vivace, confirme d’ailleurs et la valeur du rendu, et l’identité du groupe. Post-punk, électro aussi, font partie des ingrédients utilisés pour, au final, imposer un registre crédible. Et qui groove, en attestera Couronne de prince qui succède à un Grandir seul à mon sens un peu moins significatif.
Qu’ils émanent des synthés ou des guitares, les sons sont de nature à rester en tête. L’éponyme Bleu acier, tranchant dans ses riffs, souffle un air cold. Au fil de l’écoute, on prend la mesure de l’individualité d’Order 89, on comprend que ses influences ne sont plus…qu’influences. L’espace et le temps et ses basses en relief, ses synthés emballants greffés au chant grave de Jordi, convainc lui aussi. Pour un premier jet étendu, Bleu acier talonne l’excellence. On s’en réjouit, il est bon d’entendre un groupe qui, dédaigneux des structures déjà maintes fois usitées, en prend le contre-pied sans faillir.
En fin de route, Barbara fait bouger le crâne, entraînant et joliment glacé. Il semblerait que Bleu acier, dès lors qu’on le joue, ait les capacités à rester un temps conséquent dans nos lecteurs. Entre Grand Blanc et Lescop, pour situer avec peine, il trouve son rang…de choix. 2002 fait un peu retomber l’intensité, la voix n’y a qu’un étayage restreint, comme le fait parfois…Grand Blanc, justement. On les préférera, nos Franciliens, dans leur choix plus radicaux. Le remix de Bleu acier par Mondowski, qui finit le boulot, apporte une relecture intéressante, truffée de sons qui transportent, du dit morceau.
Essai louable, donc, quand bien même il demande à l’avenir confirmation, pour ces Order 89 aux promesses évidentes, auxquels on souhaite une suite de même teneur et ce, sur la durée de plusieurs formats accompagnés de prestations scéniques qu’on suivra avec un intérêt soutenu.