Duo grenoblois constitué de KLEO PATTERN et ALMOND BLOSSOM, Lovataraxx a déjà sorti un EP et s’essaye donc, avec ce Hébéphrénie fort de dix titres qu’on retiendra, au format album. Oeuvrant dans une veine cold et minimale d’obédience synthétique, il a d’ores et déjà « hanté » les scènes souterraines aux côtés de formations aussi bien punk qu’indus ou encore noise et électro. On dit de lui qu’il évoque Suicide, Fad Gadget, Tuxedomoon ou encore Kas Product.
Tous ces constats amènent forcément à l’écoute et dès l’entrée en matière, un Subjugué bien cold, à la voix aussi grave que veloutée, n’est pas loin de…subjuguer. Dans un propos simple, froid et mélodique, entêtant de par ses penchants minimaux, Lovataraxx laisse entrevoir, très vite, des dispositions. Ses volutes de claviers nous emmènent (Prostration), le glacé-classieux du chant tout autant. Habile dans l’élaboration d’atmosphères sombres, Lovataraxx a aussi le don, par ses sons imaginatifs, d’y injecter une légère « quiétude ». Ses morceaux, en tous les cas, font qu’on y revient bien au delà de la première écoute.
Angst le confirme, sur une cadence plus vive que celle de l’amorce; les motifs sont prenants, on se croirait pour le coup chez New Order -la ligne de basse est renversante- ou chez l’excellent duo de Turques Kim Ki O. Ca donne envie de danser dans le noir tout ça; c’est alors que j’apprends que la paire de l’Isère a joué dans ma ville, à l’Accueil Froid. Je n’en étais pas; Hébéphrénie est donc l’occasion, addictive, de me consoler. Araknee séduit à son tour, autant dans les voix que dans un étayage qui jamais n’en rajoute. Ce faisant, le groupe trouve le dosage idéal, frappe juste et justifie son appartenance à Unknown Pleasure Records, label au catalogue plus que crédible. Blok, muni de sonorités de claviers presque joyeuses et d’un climat à la The Cure dans ses instants les plus « plaintifs », époque Disintegration, alors que l’organe vocal me rappelle lui Depeche Mode, lui permet d’arriver au mitan de son disque sans aucun écueil à l’horizon.
Qualitativement à la hauteur de ses nombreuses influences avouées -et digérées-, Lovataraxx virevolte avec Craving, qui pourrait justement provoquer ce craving lié à l’écoute et non pas à une certaine substance. Ou alors, elle sera sonore et engendrera une saine addiction. Récurrente certes, mais saine. Hoop, avec un rythme appuyé et des synthés une fois de plus bien utilisés, venant contribuer à parfaire la tenue de l’opus. Ses basses feront onduler, son chant jette une chape de grisaille prenante à souhait. On est bel et bien, là, en territoire cold. Lovataraxx n’en est qu’à son premier long jet et déjà, il en impose. Kleo Pattern colore Ana venus, si l’on peut dire, de son chant encanaillé. Alerte, le dit morceau laisse augurer d’une fin d’album sans relâche. Sidewalk, tout aussi vivace, magique de par ses sons un tantinet dépaysants et ses « vocals » encore une fois captivants, le prouve irrémédiablement.
Il revient alors à Medicine de conclure ou presque l’affaire, menée avec maestria. Boites à rythmes sèches, sons bien trouvés et basses -c’est une habitude- géniales, groovantes autant que charnues, s’y donnent la main pour entonner une ritournelle cold-wave aux airs de standard du genre. Suivra Hellèbore, ultime plage plutôt retenue, toute en douces saccades, digne des essais les plus posés des icônes de la cold-wave. La paire homme-femme, en parfaite symbiose, vient de nous refiler notre dose à l’issue d’une rondelle dansante et dansable dans sa noirceur, ou dans sa grisaille, et émaillée d’une vague d’idées porteuses.