Il est des lieux, déterminants, dont on parle -trop- peu. Dans la cité amienoise, Cité Carter fait partie de ceux-ci et pourtant son activité, plurielle et porteuse puisque des groupes de renom y ont joué et/ou enregistré et le font encore, mérite d’être soulignée. En ce jeudi soir, c’était la mouvance punk-rock qui y était honorée puisque les jeunots Bill the Dog, pour la sortie d’un second disque nommé Schyzophrenic Cerberus, l’Histoire d’un Cabot Maboul, y tenaient leur Release-party.
C’était donc l’occasion de les (re)voir, les reconnus Notepok étant aussi de la partie, on s’en réjouira, tandis que Tante Adèle et la famille ouvrait le bal avec son punk-rock potache, parfois trop, mais bien exécuté. Venus du nord, les gaillards en reproduisent l’esprit festif, tant musicalement -et là je n’adhère clairement pas- que dans l’accoutrement et, chose louable, dans le partage avec l’assistance puisque Maroilles et vodka seront, lors du concert, distribués à qui en voudra. Un bon moment pour les amateurs de ce rock avant tout délirant, bien tenu instrumentalement, toutefois, concocté par les hommes en kilt.
Il n’empêche, ça « blaste » tout de même et après cela, on change de registre avec Notépok, fort de plusieurs albums et d’une ribambelle de dates qui lui ont permis, outre le fait de se roder avec efficience, de diversifier son répertoire de manière très appréciable. Avec Lolo, Stef et leurs 2 collègues, en effet, on peut passe d’une ruade punk sans vergogne à un plan dub, on mixe punk-rock et reggae sans s’y perdre. Quel que soit le style choisi, le rendu est élevé en qualité. Le set de ce soir le démontre; jamais linéaire, Notépok bastonne et nuance son concert, groove comme il peut dans la foulée ou l’instant d’avant défourailler tous azimuts. Ce combo amienois est la preuve qu’on peut tout à la fois durer et faire dans la « bonnitude », la preuve aussi que les « vétérans » en ont encore sous le capot et le distillent avec maîtrise et énergie. La scène du secteur, on s’en rend compte en les voyant, se porte bien et regorge de formations méritantes. Que Cité Carter, répétons-le, a vocation à accompagner de manière judicieuse.
Il m’a plu, ce Notépok issu d’une autre époque mais qui cadre avec son époque. Il a certes placé la barre assez haut pour Bill the Dog, mais le trio a lui aussi, vu son côté prolifique, du costaud à envoyer. C’est peut-être moins affiné que chez les « anciens » mais ça envoie comme il se doit, les « lyrics » écorchent ceux qui le méritent et Bill the Dog joue sans complexes, dans un registre punk-rock percutant étayé par une belle série de chansons. Le rendu est prometteur, peut-être encore un peu immuable -quoique-, mais il dévoile pour ceux qui ne le connaissaient toujours pas un combo doté d’aptitudes certaines. Et constitué de garçons sympathiques, en attestent mes récentes rencontres avec eux.
Il a de plus son petit parterre de fans, le moment est fun et c’est l’opportunité pour lui, ce Bill très aboyeur, de montrer les crocs et ce qu’il vaut. Pour tout juste 5 balles, tu prends part au bal et ce type d’événement est à mon sens à multiplier, à l’heure où les caf’conc qui avant pullulaient ferment leurs potes tour à tour. On en remerciera donc Cité Carter, en quittant ses locaux souterrains « qui en ont vu », dans l’attente de la prochaine salve sonique qui nous y réunira.
Photos William Dumont.