Duo franco-britannique composé de Dean Spacer (Action Beat, House of John Player, Clara Clara) et Clément Sbaffe (Satellite Jockey, Collection), Fun Fun Funeral sort avec ce Everything is ok son tout premier album. A la fois doux, enfantin dans ses voix associées en mode « chorale » (Elba sea ou une batterie galopante éoaule ces chants merveilleux, greffés à des sons indé-folk sortant de caboches fertiles), tout en soie lo-fi fabricotée avec soin (Perceptual systems sur lequel les penchants cotonneux du groupe sont balafrés par des encarts « wild »), le disque dévoile un Fun Fun Funeral qui, pour ceux qui ne le connaissaient pas encore, pourrait s’incruster de façon prolongée dans les foyers. S’il honore à nouveau ses orientations subtiles avec Seeds, mélodique et légèrement psyché, l’ouvrage des deux comparses ne s’en tient pas à cette sagesse bien pensée.
D’un part il y met de la vie et de lui, ce qui la fait sonner authentique. D’autre part, il offre de temps à autre des paysages sur la brèche du post-rock, dont la pureté vocale et instrumentale évoquerait Sigur Ros (Bloom). Ailleurs, il s’agite, convoque les sons dont les deux hommes ont le secret et leur adjoint de belles ritournelles, rêveuses et rassurantes (Blood moon).
Pur produit né de labels indépendants, où l’on met un pont d’honneur à faire dans la vérité, Everything is ok charme l’oreille. Sage mais entêtant à forcé de réitération sonore (Rio kosi), il se fait plus « sombre » avec Swrrrm. Ce faisant, il garde en son sein ses voix d’enfance, de magnificence, et ses sons aussi simples qu’ils s’avèrent être, à l’écoute, efficients. Fun Fun Funeral a le mérite de creuser ses propres terres, à l’image par ailleurs de ce que ses deux géniteurs ont pu faire avec leurs autres groupes.
Avec Brazil, Dean et Clément tiennent même une pépite indé lumineuse, euphorisante comme pouvaient l’être les sucreries pop d’un Bewitched Hands ou, plus récemment et par extension, du Black Bones d’Anthonin Ternant. C’est dire la portée des morceaux, le dernier d’entre eux, nommé Terra on time, plongeant l’auditeur dans une constellation brumeuse, hypnotique, à l’issue d’un album dont je ne regretterai pour ma part que la fréquence trop éparse de ses sautes d’humeur, tant celles-ci apportent à un effort déjà addictif au terme de ses jolies constituantes.