Auteur d’un premier album, Hidden memories, en 2017, Somehow est le projet du multi-instrumentiste, et adepte du Do it yourself, Erwan Pépiot. Enregistré en banlieue parisienne, dans le home-studio du musicien, le nouvel opus répondant au nom de Low tide n’inclut qu’une exception à la règle habituelle; Aurélie Tremblay vient en effet poser sa voix, superbement complémentaire de celle d’Erwan, sur la totalité des morceaux présentés.
A l’écoute, le procédé débouche sur un panel assez large, qui peut autant toucher à la folk lo-fi qu’à la pop ou encore à la cold-wave tant l’organe du membre masculin se fait, en certains recoins, grave. Minimal, l’album crée des sensations, s’emballe après des passages feutrés (Over the raindrops); il me fait penser, pour son minimalisme qui frappe juste, à Young Marble Giants ou The XX. Dénudé, il habille pourtant l’espace et gagne nos sens. The wave, pour lancer les débats, associe voix de grisaille et jeu vif, animé, peaufiné aussi. Aurélie arrive ensuite, les 2 chants offrent une opposition qui ajoute à l’impact du travail. Invisible walls est lui plus tranquille, il met ainsi en avant la voix, puis les voix. Un « cello » étoffe le rendu avec sobriété. Somehow, c’est audible, a trouvé son approche. Il en use avec adresse. Il y met de l’âme et de la vie. Threw it all away joue une folk-pop presque joyeuse, décorée par des sons épars et bien trouvés. Dans l’économie de détails, en allant à l’essentiel et en esquissant des contours individuels, Somehow nous réjouit. There’s a riot coming livre en son début des sonorités une fois de plus enthousiasmantes, sa folk indé est à la fois subtile et batailleuse.
A sa suite, Take on the beast joue la carte du cold enjoué, lumineux par endroits, même. Ca prend bien, on aimerait cependant que le duo pousse plus encore ses penchants froids, à l’image d’un Motorama, en y greffant bien entendu sa sensibilité vocale et ses jolis bordures. C’est chose faite avec Modern life, où la basse évoque assez nettement l’ère des Joy Division et consorts. Simultanément beau et soigné, gris clair et gris foncé, réduit à un décisif essentiel, le discours de ces 2 là vaut l’écoute…et le détour. Shut your eyes and see nous fera presque…fermer les yeux. Délicieusement « noirci » par Erwan, il conserve en dépit de cela les sons « maison », DIY donc, concoctés par ce dernier.
Doté, donc, d’un univers sien, Somehow enchantera son monde une dernière fois au son de Mirage of us. Un essai de fin vivace, inclassable à l’image des autres morceaux. Pop, folk, cold-wave, Somehow n’a visiblement que faire de tout ça; il oscille, prend ça et là les éléments qui, mis bout à bout, avec une belle dose d’imagination, forment un tout de haute volée.