Label toulousain, Pop Sisters Records abrite quelques formations estimables (Hanky Panky, Indian Ghost, Jim Younger’s Spirit, par exemple et pour faire court). A ces dernières vient désormais s’ajouter Jesus of Cool, combo de « dark pop distinguée » qui, avec son How long présenté ici, fait mouche et séduit autant par sa classe vocale, son instrumentation piquante-veloutée, que par…son nom, aussi, ou encore le climat inhérent à son rendu.
On est, en effet, directement happé par la pop du groupe, son chant entre Morrissey et Ian Curtis, ses mélodies enlevées (Wisdom). Le début d’album est déjà excellent, Daring mum fait suinter une mélancolie prenante. A cette dernière, il greffe des atours griffus. Il y a une patte, reconnaissable, sur How long, un apport personnel affirmé. Le titre éponyme, noisy autant que feutré, assied d’ailleurs, ensuite, la posture du groupe. Jesus of Cool sera classé dans le rayon des groupes vertueux, qui plaisent grandement alors qu’il y a encore peu de temps, on ne connaissait rien d’eux. Everybody’s gotta live, aux voix associées, assez climatique, dégageant une élégance qui doit, à l’écoute, à Nick Cave. Les références qu’instigue le disque, comme ce qu’il renvoie, sont de taille.
Passé le Wisdom cité plus haut, Barely sour installe un ton grave, une trame retenue. L’atmosphère qui en émane est, une fois de plus, captivante. Mordant dans son velours, velouté dans son mordant aussi, Jesus of Cool offre ça et là quelques hausses rythmiques. Sobre, sans déchets, il galope et nous embarque le temps d’un Glow of delight auquel on ne résistera pas. Cohérent, le groupe se montre uni. Bad Seeds (tiens, on pense de fait, derechef, à Nick Cave) souffle justement le venin racé de l’Australien, entre splendeur pop et rock au fond grisé (et grisant).
D’embardées soyeuses en virages offensifs, on trouve un dosage juste. On ne copie en rien, on crée avant tout un terrain personnel. La démarche est aboutie, ça surprend pour un groupe aussi « jeune » dans sa discographie mais en étudiant de plus près le pedigree de ses membres, on réalise que ceux-ci, quinquas aguerris à souhait, ont derrière eux un sacré parcours. Ca leur permet, ici, de signer un superbe opus. I wanna kill your shrink et ses « tch-tch », son allant pop obscur et incoercible, le solidifie d’ailleurs à son tour. Le plaisir, vif, dure neuf titres. Il en reste donc un à s’injecter, How long devenant à la longue une sorte de drogue sonique. Et là, c’est ce The reveal étincelant, qui par moments m’évoque le Gun Club, qui s’offre à nous. En clôture, donc, d’une oeuvre majeure, porteuse du sceau de l’excellence sonore et vocale.