Basé à Brest et Rennes et pratiquant un noise-rock sans concessions, inventif, Mnemotechnic est actif depuis 2009. L’ayant vu en concert, ayant aussi chroniqué son premier essai discographique, je connais la fiabilité du groupe et à l’heure de ce Blinkers, suis bienheureux de recevoir la rondelle, qui balade son monde entre coups de semonce, ambiances sombres et/ou massives, ou plus vives (un excellent Alpinist en ouverture, histoire de se donner d’emblée un crédit certain ), pour s’adonner de temps à autre, aussi, à des travaux un brin moins agités (Along the sun, aux abords psyché plutôt aériens).
On l’aura compris, l’appellation noise ne suffira pas à définir Mnemotechnic. Son éventail est large, il excelle autant dans le sonique leste « maison » (Leak the civilians), aux sons qui s’enfoncent dans le crâne, que sur des expérimentations retenues, hors-genres, à l’impact durable (Thousand of straws). Les Bretons, plutôt que d’enfanter une noise restrictive, empruntent ailleurs -stylistiquement- et en nourrissent leur rendu. Le plus fort, c’est qu’ils le font à leur sauce et de manière magistrale.
Intense et mélancolique, pour se faire, plus loin, rageur, Mnemotechnic brouille les pistes. Il s’embarque dans du psychédélisme noise aux soubresauts bienvenus (Out of nothing), déploie une approche qui le renforce dans son identité. Enregistré au Black Box, Blinkers fait aussi dans la noirceur et assaille sous le joug de la batterie et de guitares sauvages (Under the mud), avec lesquelles les voix vont de pair. Huit titres, sur Blinkers, lui suffisent à marquer celles et ceux qui, avisés, auront fait l’acquisition de son son.
On en est d’ailleurs, déjà, à la fin des débats. By accident, percutant, joue une indus-noise de derrière les fagots qui débute rageusement, breake dans la menace, remonte en intensité pour envoyer du noisy à la Sonic Youth, dans les guitares, couplé à la noise dont il a le secret, jamais fermée. Il se construit en déconstruisant, ça lui réussit, et livre au final un disque qualitatif à souhait, sorti qui plus est sur 2 labels eux aussi à la pointe du déviant indispensable.