Groupe suisse composé des « undergrounders » Blaise Yerly (La Tour Vagabonde/Fribourg), Romain Savary (FREI / We Don’t Make It, Fribourg) et Noah Satori, Giuliano Iannarella (Drunken Sailors, Spazio Morel/Lugano), Leopardo propose un rock garage, poppy aussi, lo-fi…et psyché en certains recoins. Aérien ou plus électrique, celui-ci n’opte pour aucune direction définitivement implantée. Et sur ce Is it an easy life?, les Helvètes esthètes régalent avec neuf titres de choix.
Ca débute avec l’éponyme Is it an easy life?, taillé dans un psychédélisme doucereux/rugueux, qui riffe en même temps qu’il traverse les nuages. Une entrée en matière qui crédibilise le quatuor, à nouveau honoré par Modern love, plus direct. Il se dégage des essais livrés un parfum de DIY, un esprit indé audible dans les compositions. On tisse, ici, des morceaux fins mais fougueux, nerveux mais mélodieux. Holiday of love est de cette trempe, il m’évoquera d’ailleurs le meilleur de Kurt Vile. Une échappée noisy bien sentie orne le morceau, savamment troussé à l’instar du disque en entier.
Avec Fear et ses vrombissements appréciés, on maintient le cap d’un rock aussi racé que dégingandé. Ca fuzze et ça fuse, le constat s’impose comme une évidence; Leopardo fait preuve de panache dans ses travaux, chemine en empruntant des chemins balafrés et ça lui sied à merveille. Hapiness conclut d’ailleurs la face A psychédéliquement, en dépaysant aussi de par ses sons qui font voyager. Entre quiétude et moments de tension bridée, il met fin, avec brio, au premier volet de son disque.
La face B commence elle avec la pop claire et alerte de I wanna tame you. Lo-fi, soulignée par de jolis choeurs, elle met du baume…au coeur. C’est de l’aérien vivace, un délice pour les écoutilles. S’il a le mérite de poser la question, Is it an easy life? nous rend la vie moins dure. Again réinjecte une belle subtilité dans le son, doublée d’une option plus galopante, parfaitement en place. On navigue pour le coup au gré des humeurs de Leopardo, changeantes et communicatives. Alone on earth en remet une pelletée dans le rayon indé lo-fi et les voix, depuis le début larges dans ce qu’elles renvoient, se mettent en évidence. « Faut que je m’en aille », dit l’une d’elles dans le dit morceau. On leur demandera plutôt de rester, car leur présence est bienfaisante.
il faut pourtant les quitter, la fin de l’album se profilant. Mais Chinese army éclabousse, stylé et remonté, pour rendre la séparation moins douloureuse. Là où beaucoup finissent sur une note apaisée, Leopardo met le feu et ce faisant, nous gratifie d’une terminaison hérissée. En conclusion, donc, d’un 2ème album, le premier enregistré, qui devrait en toute logique attirer l’attention sur lui.