Israelien à l’origine, Magon, désormais installé à Paris, délaisse ses formats folk-rock de début pour s’adonner, ici, à un rock qui, souvent et avec bonheur, évoque les Pixies sans que cela ne dénote. Out in the dark, l’album appelé à sortir le 11 octobre, est de fait plutôt valeureux. Les élans noisy de Black Francis & co sont reproduits (Third dimensional love) avec mérite et d’emblée, le charme opère avec King of nothing, aussi pop que psyché finaud. Magon a l’art de trousser des morceaux qui restent en tête et pour le coup, son registre est enlevé. Polisson bien que mélodique, il fait à nouveau ses preuves sur Thinking of you. Poppy et subtil, un tantinet trop bref, le dit morceau précède Same house qui présente des atours à la Bossanova « de qui vous savez ».
Il n’empêche, Magon façonne ses propres ritournelles, libre et émancipé, et le fait impeccablement. Landslide livre lui un format mid-tempo comme savent le faire, si bien, les Breeders. Acidulé, le rock de notre homme ne manque pas ni de piquant ni d’impact mélodique, et encore moins de pouvoir de séduction.
Le disque est de plus généreux; 12 morceaux bien charpentés y sont offerts. Song for Nimrod la joue poppy aux reflets rock vénéneux. Mélopées hérissées et sensibilité de la voix cohabitent idéalement. Il m’arrive, à l’écoute, de penser à Foil ou l’Elefant de Diego Garcia pour cet équilibre entre flux pop et rock rude. Le tout sonne de plus légèrement garage, ce qui ne gâche pas l’affaire. The streets me rappele, lorsqu’il se fait entendre, les Néo-Zélandais de Garageland. Ces rapprochements créditent évidemment Magon, qui signe un album attachant. It’s love s’y fera aimer, il trace sa route en toute quiétude. Derrière des sons charmeurs, le projet montre les crocs.
Armé, aussi, d’un psychédélisme aussi doux qu’amer (In the library), Out in the dark dévoile un combo performant. Ses airs pop-rock alertes (My reflection), sa mélancolie presque enjouée, emportée dans le flux de ses compositions, le rendent hautement estimable. On arrive à ce moment à la fin de l’opus, mais le plaisir fut grand et 2 morceaux s’offrent alors à nous en guise de conclusion savoureuse. L’éponyme Out in the dark, d’abord, qui souille ses mélodies. Un avant-dernier titre auquel succède Shock therapy. Bref et marquant comme le reste, celui-ci joue une pop sombre et vive, aux choeurs enivrants. Excellente cuvée.