Mettez un trio Lyonnais (D-FAZ), un vocaliste Américain (Brzowski). Ca nous fait déjà un cocktail explosif, dark et frontal, aérien et organique. Un genre à part. Ajoutez à ce projet le rappeur Oddateee (Dälek, Peuple de l’Herbe, Hightone…); la recette est alors poussée à son paroxysme. Et ce, pour le plus grand plaisir de nos écoutilles, malmenées par le fracas organisé des hommes ici impliqués.
OneNationUnderDog, l’album conçu par ces derniers réunis tels des malfaiteurs sonores fréquentables, bastonne d’emblée. Diction assénée, groove « tranquille » (dans le sens de « spatial ») et sons venus de partout enfantent une amorce forte, bien implantée (The questionable ticket). On est dans de l’électro/hip-hop de poids, millésimé, doté, aussi, de riffs qui forcément comptent. Ca fusionne donc, les genres sont passés au shaker de la joyeuse clique. Shocked awake, saccadé, lancinant, porte des traces sonores malsaines et se fend d’incursions enragées. Le mix entre colère et verbe plus « posé » est habile. La réunion des différents intervenants, elle, sonne naturel. Elle diffère, pourtant, de la quasi-totalité des albums sortis tous styles confondus. Runnin after the man, leste et puissant, me rappelle la force d’un Dälek. C’est le chaos, foutrement réjouissant, bien tenu, et on en redemande.
Avec Creatures, on traverse des brumes « psychélectro » agitées. Au niveau stylistique, le projet n’a que peu de limites. On en récolte les fruits, son investigation est très porteuse. One nation et son flow imparable, soutenu par ces sons encore une fois aux confins du brut et du plus céleste, puis ce As a criminal qui le suit, hybride et pénétrant, en remettent une large louche. On prend tout, les sonorités triturées s’incrustent dans les cranes. Le tout est de plus musical, pertinent, et nous douche de ses narrations sociétales qui elles aussi méritent d’être entendues (Beneath the surface). Les guitares, dures, s’invitent à ce show mémorable. Sur Rosebud, les plans électro font de même et contribuent à la variété du résultat. On n’est pas, loin s’en faut, dans le figé.
On s’inscrit, aussi, dans la versatilité rythmique sans s’égarer dans le procédé. Sick tired and sleep emprunte l’option lourde, pesante dans le -très- bon sens du terme. Pas seulement, toutefois; des sons plus nuageux l’ornent. L’album est une vraie bombe, à ne pas mettre entre les mains des accrocs de la norme et du radio friendly. Il est insoumis, encanaillé, et met de sacrées beignes. Turn to dust inaugure la fin du disque en présentant un entrelac de bruits bien étudiés, entre délié et débridé. Son format instrumental ne dérange pas, placé qu’il est parmi une série de morceaux chantés à l’impact impressionnant.
Enfin, c’est un Abandoning leste, un brin funky dans certains de ses « bruits » et paré de guitares décisives, qui met fin de manière subtile-bourrue à OneNationUnderDog, opus dédié à l’audace et à la prise de risques. Qui, pour le coup, génèrent un labeur bluffant de crédibilité.