Soucieux de toujours évoluer, les Italiens d’Inutili « from Teramo » sortent avec ce New sex society leur 6ème album, où ils s’assurent les services, marquants, de Luca Di Giammarco au saxophone. A nouveau tumultueux, ils débutent ici par 2 longs formats fracassés et fracassants, Rooms et Seeds (Japanese). Si le premier présente une amorce posée, on sent, derrière, que le vacarme attend son heure. Le sax amène un côté climatique et dépaysant, comme chez les Français d’Oiseaux-Tempête, et donne du cachet au morceau ainsi qu’à l’intégralité des travaux où il s’exprime, quand bien même ils ne sont que 2. La rondelle s’impose déjà avec son entrée en matière aussi feutrée que grinçante. On y passe sans prévenir, ou presque, de passages bridés à des excès de choix.
C’est en l’occurrence sur 7 titres qu’Inutili va se mettre à l’honneur. Le chant, belliqueux, apportant lui aussi une contribution de poids. Avec Space time bubble, la folie sonique du groupe éclate le temps d’un essai nettement plus court. Elle n’en est que plus marquée encore.
C’est le déluge, stylisé par le nouveau venu, et on l’accepte bien volontiers. Inutili cogne avec maestria, ne prend jamais la fausse route du « tout direct ». Il se nuance en restant tendu, riffe sans sourire (Star whores), dérape allègrement. Versatile dans ses rythmes, il l’est tout autant dans ses humeurs. New sex society est de taille, c’est l’oeuvre d’un combo fiable, consolidé par sa longévité. Danilo di Francesco, à la voix batailleuse, renforçant de son côté un labeur jamais pris en défaut. Sur Tiny body, on retrouve des riffs ardents; le morceau est fonceur, urgent.
Le panel de l’album est, de plus, varié et jamais avarié. On se laisse ainsi porter par les remous et variations de cadence, par une vigueur omniprésente. Singing dogs prend d’ailleurs cette tangente jouissive, changeante tout en restant hautement cohérente. Inutili, ici, prend plusieurs chemins sans quitter la route. On le savait certes déjà, mais il démontre une fois de plus, à l’occasion de ce nouvel effort, qu’il s’agit d’un des groupes les plus estimables du moment. Pour ceux qui en douteraient encore, un Too late terminal enfonce le clou avec rage. Ses accents pop dans le chant l’enjolivent, mariés à une énergie garage bien sonique et à des aspects psyché enivrants. Le tout sur une durée élargie, sans un creux dans le rendu.
La réussite est donc récurrente, le niveau atteint très élevé. New sex society constituant de toute évidence un album à s’envoyer bien fort, sans fautes ni temps morts ou ennuyeux.