Basé à Saintes et actif depuis les early 2000’s, 1=0 crache, avec une belle verve, un spoken-slamed-word tranchant, aiguisé par des guitares mordantes et une boite à rythmes qui claque. L’impact sonore est indéniable, celui du mot ne l’est pas moins et à l’heure de la sortie prochaine d’un nouvel opus (Secte, premier trimestre 2020), Ali Veejay et son acolyte décident de ressortir, augmenté d’inédits de haute volée, un premier EP originellement paru en 2004, mais alors entravé par des conditions de diffusion limitées.
D’emblée, on salue l’idée. Car cet EP, outre le fait qu’il trouve en toute logique une seconde jeunesse, nous éclate à la gueule et desserre très peu l’étreinte. Amer, offensif, que ce soit textuellement comme dans l’instrumentation, il rugit et nous avec. Serguei débute finement, on sent toutefois l’orage poindre, le tension monter. Entre assauts brefs et plages soudainement tempérées, 1=0 ne mâche pas son discours. Direct et inspiré, vrai dans sa narration, lézardé par une voix en langue…russe, si je ne m’abuse, c’est la première salve d’un EP étendu de manière judicieuse. James, porteur d’un rock fiévreux et mélodique, un tantinet mélancolique, brille lui aussi.
Avec ce titre, c’est l’Anglais qui est à l’honneur, le tout sur un canevas indé qui m’évoque Eels ou Sebadoh. On n’omet pas, c’est une évidence, les grattes qui bruissent. Paysan, avec ses riffs tranchants comme un silex fraîchement déterré, sa diction saccadée et expressive, dépeint à son tour avec brio et lucidité un quotidien que le son combat par sa virulence. Hexe, doté lui d’encarts en langue allemande, lance également des riffs acérés, un groove fatal et incoercible. L’effort est travaillé, vigoureux, et fait du bien à l’auditeur. Atcha et ses touches indus impose ses saccades. Ici aussi, l’histoire de vie vaut la peine d’être écoutée. La musique l’orne somptueusement, elle traduit avec force le désenchantement exprimé et la colère qui s’ensuit.
On arrive alors aux inédits et comme on pouvait s’y attendre, 1=0 reste plus que bon. Switch expérimente, navigue entre calme apparent et sonorités dérangées. Subtil, il apporte à l’instar du reste un plus à l’essai de départ. Slender one suit. Il emprunte une voie aussi barrée, joue adroitement sur les…voix. Le trip est sonique, mental, et définitif. Work with your lads vient alors finir le boulot, après que le premier inédit, Folle, ait de façon brève mais percutante introduit l’EP. La conclusion est lancinante, retenue, légèrement rêveuse, comme si l’espoir émanait d’une série de constats amers. A l’écoute, le plaisir est conséquent. Ali Veejay et Sylvain DB, en préambule à leur Secte déjà très attendu, signant ainsi un retour frappé du sceau de l’excellence.