Italienne, Francesca De Fazi a derrière elle un parcours fourni, qui l’a menée à la Nouvelle-Orléans, pour enregistrer, et lui a permis, en plus d’une brouettée d’albums, des collaborations de marque dans la sphère jazz, blues ou encore pop.
Avec son Craft songs, l’expérience ainsi cumulée la voit parfois culminer; d’essais expérimentaux obscurs et dotés d’un groove indéniable (Pacific trash vortex) en plages plus normées (un très bon début, jazz-funk trépidant, avec Making miracles), elle passe à l’occasion par des chemins un brin plus « sirupeux » (Emergency) sans, toutefois, (trop) ennuyer son monde. Dans l’intervalle, le blues fougueux de Message in a bottleneck aura comme le reste produit un bel effet. Le chant, en outre, amène du relief à l’album. Les pulsions funky acidulées, pleines de style (Danubio blues), constituant elles aussi un atout à prendre en compte.
La Romaine allie énergie mesurée et dextérité musicale (Bottom of a glass), on la suit peut-être moins dans ses élans feutrés mais le rendu, quoiqu’il en soit, est globalement louable. Il y a dans ses travaux une tension, bridée, et du ressenti. Heaven pie l’emmène en terres pop aux reflets jazzy, Heart in mind s’aventurant lui en eaux funk virevoltantes. C’est peut-être bien dans cette option que De Fazi est, ici, la plus crédible et imaginative. Des cuivres sans excès l’étayent dans son entreprise, souvent aboutie.
Sur la fin, White lies étend une trame jazz posée. Bien que bon, le morceau est à mon sens trop « tranquille » pour captiver entièrement. Là où d’autres s’en tiendront à sa sagesse, je préfère l’audace de Francesca, sa vigueur, ses embardées « pas sages ». Barbecue blues, animé, à la croisée du…blues évidemment, du funk et d’incartades soul, va en ce sens. Il conclut donc un opus de bonne facture, qu’on aimerait cependant voir dériver de façon plus fréquente vers la déviance, s’encanailler plus franchement encore.