Chez Freaksville, quand sort un trésor, ça vaut de l’or. Appliqué à la différence, au fantaisiste classieux ou dégingandé, toujours valeureux, le label belge, outre ses albums déjà estimables, nous fait le plaisir d’une compil’, la seconde, qui honore superbement ses 13 années d’existence et de recherche sonore basée sur une « mutant pop » que le recueil présenté ici fait étinceler.
On ne sait d’ailleurs pas par quel bout le prendre; il regorge de merveilles, prend des chemins détournés et nous en met plein le nez. Jamais normé, il convoque par exemple les énormes Android 80, à l’électro sautillante et offensive (We love drugs puis David Bowie had a discotheque), qui met à l’honneur une versatilité sonique plus qu’acceptable. Il lui associe Benjamin Schoos (The last ninja, porté par une électro, encore, virevoltante). Les sons fusent, les idées aussi. On est dans de l’enlevé aux portes du génie, Bimbo délice y apporte sa touche plus céleste avec son Epic.bright.dirty. Le panel est ouvert, l’éventail déployé. Deadride phantom riffe et se fait synthétique, dans le même temps, sur ce Phantom is alive rythmé. Ici, on honore le clavier, qui se taille la part du lion avec maestria. C’est de la pop mutante, venue de partout. Les disques Freaksville rendent heureux, peut-on lire sur le site du label; je confirme et en plus de ça, ils font danser jusqu’à satiété.
Tiens, je ne connaissais pas Man from Uranus.Il me fait décoller « direct », fort d’un Speedform électro-punk ravageur et d’un Hot pursuit qui dame le pion à LCD Soundsystem avec ses gimmicks entêtants. Jean-Jacques Perrey & David Chazam ajoutent à l’attrait de la compil’ avec, par exemple, leur Gossipo perpetuo fou et alerte. Rocky Gaspard insuffle une touche jazzy-funky (The icecream boy), Juan d’Oultremont pourrait remplir une BO avec ses plages western-surf au verbe parlant (Otages). Son Suicide one point barré est d’ailleurs tout aussi addictif. Chez Freaksville, comme déjà dit, on ne fait pas le mouton. On est autre, on est tout simplement. On n’est pas dans la paraître, on est dans l’être.
Justin Paton, presque techno, balance un Acid being snaked nuptial. King lee, fort d’un Le fluide au pouls hip-hop zébré de spoken word, étend la portée de ce Freaksville décidément précieux. Phil MFU nous lègue Marooned on mercury, technoïde et insistant, au chant crooner déviant, ainsi qu’un Conflicting reports dont les sonorités ne se contrôlent plus. The Loved Drones traverse vivement le cosmos avec Electric blue moon , les énormes et bien (électro)rock Ufo goes Ufa nous délectent de leur Interlude extraterrestre aussi court que marquant. King Lee revient en conviant Sandra Kim et Juba (Dancefloor 300, évidement dansant et rehaussé par une diction hip-hop inspirée).
On ne sait plus où donner de la tête, mais on opine franchement du chef. Kinshasa mantra (long version), aux 10 minutes d’électro-funk sombres à la !!!, accentue le bazar sonore. Freaksville, en 23 titres imparables et remarquables, filera l’incoercible envie d’aller fouiner séance tenante dans les moindres recoins de sa discographie, fournie et qualitativement « au sommet des cimes ».