2 membres de Papier Tigre / La Colonie de Vacances + 2 membres de Chausse Trappe, voilà de quoi se compose le quatuor Spelterini hébergé, info précieuse pour l’amateur de rock inobéissant, chez Kythibong.
Ensemble, les insoumis -ils ont de quoi tenir au vu de leur parcours dans leurs combos respectifs- jouent un mélange étourdissant où on décèle du kraut-rock, de la zik ambiante répétée et des touches drone. Ce vaste programme, savamment concocté, se décline ici en deux pièces étendues, agitées, qui dépassent toutes 2 le quart d’heure. Ceci sans qu’on s’y ennuie ne serait-ce qu’une seconde tant le rendu, singulier, tient ses promesses et nous dicte la messe, celle qui nous botte les fesses. Pergélisol / Chorémanie, l’album, débute donc par Pergélisol. Un morceau inaugural qui bastonne, batterie assénée et sons acides, tranchants mais aussi spatiaux, en avant toute. On s’y envole autant qu’on y fonce, sonore est la défonce et la cadence s’y montre versatile. L’attaque, rapide, évolue vers une partie leste, bruitiste et chaotique. Avec Spelterini, au nom hérité de Maria Spelterini, funambule intrépide du XIXème siècle, on est dans la prise de risques, dans l’expérimentation…et on sait faire! La répétition des ambiances, ces longueurs hypnotiques en aucun cas lourdingues, débouchent sur un essai probant. Drone psychotrope, rythme lourd ou bien plus vif, déviance maîtrisée permettent à Spelterini de rester, tel un funambule justement, sur le fil sans perdre l’équilibre. Il oscille mais tient la posture, se permet des écarts qui ne le mettent pas en difficulté. A la fin de ce premier jet, il hausse le rythme, giclant un psychédélisme kraut obsédant.
Passé ce premier choc, Chorémanie débute de manière tout aussi vive. On est une fois de plus dans des motifs réitérés et comme ceux-ci sont louables et bien sentis, on s’y laisse aisément prendre. Le côté alerte de la plage fait le reste, puis on breake en traversant des terres plus célestes. Troublées, celles-ci se parent de sonorités déchirées, ou plus fines, qui en renforcent l’attrait. Puis la batterie s’acoquine avec ces sons jamais convenus pour faire redécoller le morceau. S’il part à l’aventure, Spelterini ne s’y perd pas. Il détient les clés d’un univers à part, change d’orientation à l’envi et conserve malgré ça sa cohérence. Il faut suivre, certes. Mais l’effort vaut le coup d’être concédé car le groupe, avec ces 2 travaux sans égal, vient de frapper fort et honore grandement l’écurie Kythibong, coutumière des sorties qui n’ont de cesse de « différer ».