Attention, ce duo est atypique, il aurait sa place chez Atypeek et qui s’y frotte s’y pique, échaudé par son blues-rock plus brûlant que les braises du bûcher de Jeanne. One Rusty Band, puisque c’est de lui qu’il s’agit, unit pour le meilleur (musical, stylistique) et pour le « pire » aux allures de meilleur (l’attitude dérangée et passionnée complètement communicative) Rusty Greg (chant, guitare, harmonica, batterie…jouée au pied) et Léa Jumping (claquettes tout en mouvement survolté, washboard). Ensemble, les deux comparses troussent un p+++++ d’album, qui répond au nom de Voodoo Queen et refuse à tout moment de se soumettre en crachant un dirty blues-rock sauvage, habité, pas fait pour boire le thé.
On part d’ailleurs d’une intro-hommage aux Bérus (Voodoo Queen), qui démontre de suite l’esprit DIY de la clique. Le son est roots, dirty, la posture se situe quelque part entre le blues des 50’s et le rock’n’roll des 70’s. Guitare cigar box et micro téléphone sont de la partie, c’est dire la déviance démente du bousin envoyé par ces deux-là. On a à peine débuté que la rage transpire de leur registre (Devil cave), agrémenté par des sonorités bluesy au sommet de l’authentique. On est dans le rêche classieux, vrai de vrai, on fonce sans se retourner à l’occasion d’un riffant et déchaîné Magic potion. Ah ça c’est sûr, magique est la potion et la paire a du en ingurgiter des tonnes. Blues jusqu’au bout bout des notes (Boogie woogie), éraillés, Greg et Léa cartonnent mais ne sont pas en carton.
Ils jouent pied au plancher -c’est le cas de le dire-, leur I’ve got the devil, bien nommé, nous mène en terres rugueuses, faisant du début d’album une réussite sans concession aucune. One Rusty Band prouve que la talent existe chez nous, s’affine puis s’offre une embardée tarée sur Under the moon sans y perdre un gramme de vérité dans le jeu. C’est en poussant l’bouton qu’on écoutera leur rejeton, sale gosse sonore hautement fréquentable. La voix, elle aussi, pue le vrai. Le rendu est salvateur, fou et parfois « doux », très souvent largement au dessus de la mêlée. On ne s’arrête donc pas en si bon chemin, non pas de croix, pour le coup, mais plutôt de bois, sans trop de soie. Le plaisir, visuel autant qu’auditif, est proche de la jouissance sonique.
Sex, blood & rock’n’roll est un concentré de rock âpre, de blues rocailleux; Greg y ricane comme le diable, y joue comme les meilleurs. Derrière ou plutôt à l’unisson, Léa « jumpe » et malmène ses claquettes avec un brio similaire à celui de son complice. Au bout de cet article, j’aurai cité tous les titres: normal, ils le valent. Spanish desert trace et laisse des traces, il se fait un brin surf et sa vague te renverse. I’m lost enfile une blouse blues, il la macule d’accords ensorcelants. Voodoo Queen est une régalade, loin d’être fade, que les riffs du titre éponyme rehaussent encore. Il est griffu, Po boy blues le voit s’amorcer sagement, ou presque, pour ensuite accélérer sans modération.
Enivrants, le Greg et son parfait complément féminin servent après ça un White trash blues rude, rapide, qui authentifie à son tour un disque de dingues. Il nous rendra donc fous, fous de ce qu’il renvoie, cinglés de son blues-rock qui croque et cingle. On le quittera, avant de nombreuses écoutes successives, sur un Road 88 trépidant, dont la rythmique s’agite et nous affole. Un dernier coup de sang qu’on prend dans les dents, dopé entre autres à l’harmonica, à l’issue d’un disque où blues et rock se voient confrontés avec maestria et sans un seul « plantage » dans le contenu.