Pour ce I qui fait suite à III, paru en mars 2015, les Chiliens de Föllakzoid ont pris la décision d’écrire différemment. D’une part, les durées s’étirent et recourent au minimum d’éléments sonores. D’autre part, tout a, ici, été enregistré de manière isolée puis le producteur Atom TM, absent lors des enregistrements, a réorganisé les quatre morceaux destinés à l’album, sans impératif précis de durée ni de structure.
Le rendu, qui tient donc en quatre épopées cosmiques trippantes à souhait, entre psyché et électro céleste aux voix éparses, est unique. Prenant, répété jusqu’à générer l’addiction, il se veut hypnotique, minimal, et réitère ses motifs à l’envi. Ce faisant, Föllakzoid tranche clairement avec ses sorties d’antan et, sans se dénaturer, évolue dans son créneau musical. Au sein d’un seul et même morceau, il peut monter en intensité tout en restant irrémédiablement perché, haut et loin, sur des sommets où l’auditeur, au bout de ses écoutes, l’accompagnera.
Le disque, certes, est exigeant, à la limite de l’éprouvant de par ses formats longs, ses sons étalés sur de longues minutes. Mais le quidam ouvert y trouvera son lot de bonheur auditif et sensoriel. Le chant nébuleux de III accentuera le versant étrange, spatial, de l’opus. Conçu par des terriens, est pourtant complètement lunaire, sombre comme sa pochette, il envoûte. Son « immuabilité » le distingue, son ingéniosité dans les sonorités, simples et étayantes, aussi. C’est une expérience, tout simplement, dont on ne ressortira pas indemne sur le plan mental. Un essai dont seule l’écoute peut réellement révéler la teneur.
De plus en plus distant des approches convenues, Föllakzoid signe donc un album qui ne peut laisser indifférent. Libre, il surprend, se montre audacieux et se joue de la bienséance. Ses voix font à nouveau effet sur IIII, plus « vraies ». Son contenu est animé en dépit d’ atours ouvertement brumeux. En sa fin, des sons dérangeants en troublent la fausse quiétude. Le premier passage permettra de « décoller », les suivants nous maintiendront dans le vent et il sera, au final, bien difficile de revenir à la réalité. En ce sens, I est un échappatoire, salvateur et singulier, auquel on risque de recourir de façon récurrente.