A Beauvais, sur la période estivale, il est de ces vendredi à ne pas manquer. Depuis déjà 28 ans, en effet, les Scènes d’été qui animent 4 fins de semaine estivales, en juillet, ont offert à leur public pléthore de dates splendides, émaillées de découvertes enchanteresses. Le cadre est de plus magnifique -il s’agit d’un théâtre de plein air niché à proximité du centre-ville- et cette fois encore, les « concocteurs » des Scènes d’été la bonne idée d’associer combo du cru (Johnny est mort), chargé donc d’ouvrir le bal, et formation québecoise au rock psyché aussi chaud qu’épicé, fou et relevé, hautement musical (Les Hôtesses d’Hilaire).
Devant un public de plus en plus fourni au fur et à mesure que le début de soirée s’amorçait, des Johnny est Mort à mon sens encore -un tantinet- perfectibles, néanmoins dépositaires d’une approche originale, ont permis au public de se chauffer idéalement. Ceci par le truchement d’un rock’n’roll ‘yéyétisant » qui pulse comme il se doit, traverse les époques en y puisant ça et là les éléments qui lui permettent, visiblement, de trouver peu à peu son identité. On pense à Mustang, pour le style développé. Et si quelques morceaux s’avèrent quelque peu timorés, le trio fait preuve d’une certaine tenue, signe une bordée de titres racés et assimile plutôt bien ses influences, diverses mais bien digérées. On repère dans le groupe compiegnois un certain Ali Danel, qui s’illustre aussi en solo dans un genre tout aussi singulier. Le final est débridé, les paroles attachantes par leur naïveté font mouche, le rock est joué sans flancher, assorti de réguliers clins d’oeil à des époques révolues, des scènes dont ressortent des groupes marquants comme Les Wampas, Françoise Hardy ou le King himself, ici tous embringués au service d’un set plaisant et se voulant personnel.
Le temps de profiter des lieux, devenus le repère d’une ribambelle de curieux qui y trouveront forcément de quoi se satisfaire soniquement, voilà que les dingos géniaux appelés Hôtesses d’Hilaire débarquent, avec dans leur sacoche une folie scènique imparable et une capacité, détonnante, à malaxer les genres de façon (im)pertinente. De paroles délirantes en coup de sang psyché-rock voire garage rock en salves prog, d’élans funky en effluves jazzy, le set orchestré par Serge Brideau et les siens est tout bonnement renversant. Ca joue « grave », ça dévie avec autant de brio et dame Musique y perdrait presque ses petits en même temps que le public, percuté de plein fouet, en ingurgite de larges goulées. L’humour est de plus de mise, un lourdingue est remis en place avec subtilité par le sieur Brideau et autour de lui, en rangs serrés, ça ferraille génialement.
Un morceau aux consonnances hip-hop groovy et remuant, chanté par le batteur, étaye le tout avec maestria et démontre non seulement l’esprit ouvert des Hôtesses d’Hilaire mais aussi leur génie musical, qu’aucune limite ne vient entraver. Libres et fous dans le bon sens du terme, c’est à dire sur le plan sonore, les Canadiens mettent un boxon jouissif dans la place beauvaisienne. Embarqué à la dernière minute, ou presque, sur ce live après avoir écouté le registre de la clique, je m’en félicite et j’en jubile en esquivant au passage les quelques gouttes de pluie qui ne porteront en aucun cas atteinte à la flamboyance du concert. Lequel fait suite, pour vous donner une idée de la fiabilité du programme, à celui d’Archie Lee Hooker le vendredi précédent.
C’est donc, vous l’aurez compris, une évidence; les Scènes d’été, gratuites je le rappelle, constituent un must absolu et la garantie de trouvailles énormes, en préambule à une programmation de rentrée, à l’ASCA ou ailleurs, elle aussi riche et estimable.
Photos William Dumont