Issu de l’Aisne, jouant en trio serré un rock compact en phase avec les 70’s et les 90’s (on ne s’en plaindra pas), Garage 9 m’a, déjà, délicieusement cinglé les écoutilles le temps d’un live à la Manufacture de Saint Quentin, endroit recommandable s’il en est. D’abord auteur d’un EP, le groupe de d’Eddy Mansard, Geoffray Louis et Cédric Romano prévoit pour début octobre de cette année ce Fucked at birth generation sous haute tension, décrit en ces lignes.
Plus peaufiné que l’ep, ledit disque dévoile dix morceaux costauds, bourrus, dont l’éponyme Fucked at birth generation, 70’s oui mais aussi stoner, rend d’emblée une belle idée de l’intensité. On est dans un rock belliqueux, le refrain fédère et « dénonce » une génération d’ores et déjà « fucked ». Le propos est simple et efficace, il convainc. Rock -celui qui transpire, celui qui défouraille, qui a des choses à dire et s’évite les courbettes-; le mot d’ordre est évident. Ca se confirme avec Don’t give a shit, qu déboule en mode Lemmyesque pour lui aussi tout dézinguer sur son passage. Lonely I’d, pas moins tranchant, sur un tempo plus lourd, plus climatique, confirmant la valeur du rendu et s’emballant rapidement après son amorce retenue. Garage 9 matraque et met des taloches; ça tombe bien, c’est pile-poil ce qu’on attend de lui.
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En outre, c’est parfois ce que l’on ressent s’agissant d’autres albums, le groupe ne flanche pas et maintient la pression; exit les morceaux pompeux, les plages pour midinettes en pâmoison devant Indochine. Come with me, tube ravageur, au riffing pénétrant, appuiera mes dires avec conviction. Derrière le « Come on !! » d’Eddy, c’est donc un essai conséquent qu’on prend dans les dents. Du « rock in your face », comme on peut le lire sur la page du combo Picard. Du rock bien joué aussi, comme sur Tearless bastard boy qui, lui aussi, prend la tangente après un début subtil, aux consonances évoquant Nirvana. Garage 9 fait du 70’s actuel, pourrait-on dire, et ratisse large sur le plan stylistique. Il parvient ici à un labeur rageur, tendu, où chant hargneux, rythmique aussi directe que groovy et guitares acérées font mieux qu’assurer.
Blow this life up véhicule, à l’instar des autres titres, de la rancoeur. Les textes sont dignes d’être explorés, et servent de support à une musique déflagrante. Ainsi, Monkey shine braille et assaille. L’attaque, si elle se montre brute, est cependant pensée, nuancée parfois même, avec soin. L’écueil des détours inutiles est contourné, c’est l’efficience qui prévaut. On n’oublie pas les plans bluesy, essence du rock’n’roll; ils ornent par exemple Self made band et la déjante des Stooges, entre autres noms de renom (Je pense pour ma part de façon récurrente à Motorhead) hante le disque des Saint Quentinois. Yeepee ki-yay balance un groove dont la finesse est percutée par les guitares, accentuant l’étendue d’un Fucked at birth generation extrêmement fréquentable.
Enfin, Redneck girl impose sa patte leste, ses atours « Seattle » (le chant, ici, me rappelle brièvement, dans un premier temps, Eddie Vedder) quand bien même le terreau est essentiellement 70’s tout en lorgnant vers les 90’s. La cuvée est excellente, de caractère, et se doit d’être écoutée en poussant le volume.