Trio Slovène, Širom pratique, selon les dires de l’un d’entre eux, un « imaginary folk » bricolé et inventif, passionnant même, conçu à partir d’un panel instrumental impressionnant qui permet au groupe de se démarquer complètement. Et, au delà de ce côté singulier, de signer un opus trippant, dépaysant, qui s’appuie sur cinq plages libres de bout en bout.
A Universe that Roasts Blossoms for a Horse, le disque, ne ressemble, vous l’aurez compris, à aucun autre. Le tribalisme bref de A Washed out Boy Taking Fossils from a Frog Sac instaure d’emblée une atmosphère prenante, qui sert de -superbe- introduction à Sleight of Hand with a Melting Key. Ce dernier, long de plus de 15 minutes, déracine l’auditeur avec brio, lâche des sons de génie qu’on ne peut réduire à la stricte mouvance folk. Par leur réitération, les sonorités de Širom font mouche. On pourrait, pour en expliquer la teneur addictive, dévoiler l’étendue des instruments utilisés; mais la liste est trop longue et au lieu de cela, on vouera à l’opus en question des écoutes habitées. Ses voix éparses le renforcent, lui donnent si besoin était du cachet. Un tantinet ombrageux, Širom marie beauté et tourmente avec maestria. Superbe jusque sur la pochette de son oeuvre, il laisse à entendre un rendu qui diffère délibérément de tout autre production.
S’ils se déploient en apparence tranquillement, les morceaux changent de direction tout en conservant leur penchant répétitif. Ils s’animent sous l’effet de percus, affichent des atours « fabriqués », artisanaux, qui les rendent irrésistibles. Ombre et lumière se donnent le change sur des panoramas sonores merveilleux. A mi-chemin, A Pulse Expels Its Brothers and Sisters carillonne, pulse sous l’impulsion d’un rythme tribal obsédant. Au niveau sonore et stylistique, on prend pour le coup une véritable leçon de créativité. On est emmené loin, dans des contrées rarement défrichées. Et l’impact des chansons, de taille, équivaut en envergure à la durée prolongée des titres livrés.
Plus loin, Low Probability of a Hug souffle un chant qui va de pair avec le lyrisme obscur, subtilement peaufiné, des trois de l’Est. Ce n’est pas seulement bon, c’est délectable et on ose, ici, fuir de façon constante les sentiers balisés. On leur préférera l’aventure, l’errance prolifique. Celle-ci prendra fin avec Same as the One She Hardly Remembered, ultime morceau envoûtant d’une formation dont je ne peux que vous conseiller de façon insistante la découverte. Plusieurs écoutes seront mêmes nécessaires à saisir de façon affirmée la portée, phénoménale, d’un tel disque. Magnifique!