Membre d’Enob, avec qui il fait un rock impétueux, Arthur de Bary s’essaye aussi à l’effort solo depuis une rupture qui, ici, lui sert de thème porteur sur un EP nommé Cheval blessé. Souffrance et solitude , paradoxalement, le transcendent musicalement. Il livre ainsi 5 titres que The fader, lente plage à la diction sensible, met en valeur. L’Anglais est en l’occurrence de mise, le discours est subtil, un brin lo-fi. Des violons ornent ce premier essai qui laisse ensuite place à Tout soit comme avant, susurré, orné par de jolis motifs et chanté lui en Français.
Passé cette amorce, c’est le fond sonore qui s’assombrit, le temps d’un excellent et orageux Flesh lovers. Le titre m’évoque Nick Cave pour cette dualité entre douceur sombre et excès soudains. De Bary trouve une identité en jouant sur un chant livré du bout des lèvres, comme si les mots peinaient à sortir ou s’avéraient douloureux.
C’est ensuite une belle reprise de Thiéfaine qui nous est offerte (Ad Orgasmum Æternum). Là encore, le mot et l’ambiance vont de pair et font la sève de la chanson. Expressif dans sa pudeur, l’artiste signe un ouvrage de qualité. Son rock retenu, mais griffu tout en développant des atours soyeux, se montre attractif. L’EP prend fin sur un Dis-moi quoi plus étendu dans sa durée, qui se déploie lui aussi lentement. Le procédé semble asseoir les plages, au tourment perceptible. L’étayage musical renforce, ou modère, l’impression de mal-être que Cheval blessé permet, sans nul doute, de panser.