Jeune -ce qui ne l’en rend que plus valeureux encore- groupe amienois, Last Night We Killed Pineapple connaît actuellement un bel essor. Auteur, déjà, d’un Pineapple Incident sorti en juin 2017, probant et auréolé entre autres d’un titre en Français (Jamais seul) hautement addictif, qui inaugure une série de chansons méritoires placées entre cold-wave, élans grungy et touches à la Pixies dont émane une approche lo-fi qui lui sied à ravir, le trio récidive avec brio, signataire d’ un EP fort, lui, de 5 titres pas moins accomplis. Précisons d’ailleurs que l’objet chroniqué ici résulte d’un exemplaire « promo » destiné au merch du groupe, sa version vinyle « revue » donc optimisée étant destinée à sortir à la rentrée, après une bordée de lives assurés par la clique.
En plus de jouer dès qu’ils le peuvent donc (une tournée estivale fournie est en route), les frères Desbureaux et leur acolyte Charles Schreiber tirent leur épingle du jeu avec dans un premier temps ce Elephant qui m’évoque Motorama, à la fois cold, donc, et finaud. Si l’influence est perceptible, Last Night We Killed Pineapple l’a digérée et ouvre la marche de la meilleure des manières. Tiens, ils ont, comme chez Les Thugs, un batteur qui chante. Et les choeurs légers, comme sur Misery, brodent leurs essais avec joliesse. Ils se couplent, ici, à des fulgurances jamais dénuées d’élégance. Une touche surf mesurée, estimable, orne cette deuxième plage sans défauts.
On poursuit avec Surfin’Bogota, « surfy », justement, et dépaysant. Alerte, aussi, et idéalement placé, de par son format instrumental, entre d’autres réalisations chantées. Les durées sont de plus réduites, ce qui permet aux Picards de ne jamais s’embourber dans des détours superflus. Ils savent, de plus, faire résonner une certaine mélancolie poppy, d’abord doucereuse puis plus appuyée (l’étincelant Your color, doté d’une belle transition amenée par la rythmique). On notera, au passage, qu’ils sont accompagnés par la Lune des Pirates, illustre SMAC locale.
Puisse ce support les faire durer dans le temps. Dans cette optique, nous avons pour le bonheur de nos écoutilles cet EP dont la fin tient en un Tell me à l’urgence punk/lo-fi des plus recommandables. Signés chez Mother Buzz Records, les Picards dévoilent des aptitudes réelles, qui en plus de justifier la confiance que les structures leur accordent démontre qu’il va falloir, désormais, compter avec eux. Sans oublier, le rock étant avant tout quelque chose qui se vit, de se rendre séance tenante sur les scènes qu’ils investiront.
Photo du groupe Camille Véchart