Leur « Come play the trees« , sorti en septembre 2017, m’avait complètement emballé. Ils y jouaient une sorte de kraut aux reflets post-punk, enfin je crois car à l’écoute, ces londoniens barrés et hautement inventifs imposent leur folie, unique, personnelle, et un genre qui accroche sévère tout en étant inclassable.
Le mieux à faire est donc de passer à l’écoute et ce Stunning luxury satisfait bien vite d’une part mon excitation -je l’attends depuis longtemps, ce disque- et d’autre part, ma soif de sons nouveaux, fous, fantaisistes à la, presque, Primus (le chant de Pestisound (Moving Out) en ouverture; déjà un morceau décalé, sauvage, qui trouve sa source dans des sons qu’on n’entend pas tous les jours). Si le dit morceau est presque retenu, il rend fou et la santé mentale de l’auditeur sera aussi merveilleusement malmenée par Tailpipe, second essai trépidant, dont fusent des sonorités à la B 52’s option cinglée. Le fruit de ma recherche est déjà là; folie, refus de se soumettre, intelligence dans le procédé, énergie à peine jugulée. Letter From Hampi Mountain use d’ailleurs des mêmes ficelles, ou des mêmes lianes, issues de contrées boisées. Snapped Ankles est un bricoleur sonore talentueux, irrévérencieux. Il ne se définit pas, il s’écoute fort et pulse frénétiquement. Il se vit.
Avec Rechargeable, le climat se fait cold. Le groupe exprime ainsi son refus de de l’immobilisme, mais insiste dans sa posture de l’entre-deux, du non-choix entre des genres qui de toute façon n’existent plus ici. Le son, le motif, crée l’hystérie. Delivery van fait fuser les synthés, leur répétition, la versatilité rythmique et la vigueur audibles en l’occurrence font merveille. On passe alors la moitié du disque, que Three Steps To A Development et son électro dérangée fait encore grimper d’un cran. On se demande où s’arrêtera l’escalade, mais on continue à grimper. Aux rideaux, de plaisir. De jubilation sonique.
Skirmish In The Suburbs traverse des localités plus célestes, plus psyché. Il tranche ainsi avec le reste, puis son amorce laisse place à une forme d’insanité sonore dépaysante. C’est d’ailleurs le maître-mot: dévier, innover, envoyer valser les formats reconnus, faire la nique à l’uniformisation. Le post-punk agité de Dial The Rings On A Tree portera atteinte, lui aussi et à son tour, à nos sens. C’est ce qu’il nous faut, à nous qui fuyons les chemins usuels. On s’en abreuve.
Aussi, on dansera de bonheur sur Drink And Glide, aux coups de semonce enchanteurs. Une danse frénétique, incoercible, qui s’accentuera avec Dream And Formaldehyde. Un final assagi, plus spatial sans être le moins du monde normal. Excellent et radicalement différent.