Groupe rennais bien posé entre post-rock, indé, pop et rock, We Only Said avait déjà fait sensation sur son excellent Boring Pools (janvier 2015).En cette fin de mois, il récidive sous la houlette de Bob Weston « from Shellac » (on ne s’étonnera guère du son, superbe, du disque) en livrant My oversoul, recueil sensible et peaufiné de dix chansons charmeuses et espiègles. Before the end, finaud mais animé par une batterie en saccades, magnifié par les chants, pose de suite des bases bien campées; le travail est poussé, sensible, un brin mélancolique. Et on s’en éprend. 90’s mais personnel, le disque recourt à un panel instrumental ou piano et violoncelle trouvent leur juste place.
L’entrée en matière peut les rendre fiers, mais We Only Said ne s’arrêtera pas à cette unique bijou. Dead men marie les voix de belle manière, souffle une pop étincelante. On sent un savoir-faire, une émotion qui se pare d’instants gentiment tranchants. Go past, tout aussi subtil, le confirme; nous avons là un disque de choix. Ses motifs sont beaux, sa matière en doux-amer parfaitement seyante.
En incluant du piquant dans sa soie, We Only Said fait le bon choix. Celui « d’abîmer » sa classe avec aplomb. Smile le verra tutoyer un terrain folk/lo-fi avec autant de maestria que sur le reste de son oeuvre. Les choeurs y sont magnifiques, vaporeux. Passé ce morceau, on appuie sur la pédale rock, jouissive, avec l’excellent Messy artist. Guitares sauvages, enrobage kraut, chants poppy soutenus: tout concourt ici à engendrer un rendu de haute volée. Lies, d’ailleurs, est lui aussi plus agité mais se situe d’avantage entre noise et post-rock. On remarque en cette occasion la dextérité du groupe à jongler entre ses genres de prédilection, à les juxtaposer de manière crédible et ajustée.
Enter the dark side, un peu plus loin, pose un canevas sombre, sobre, et élégant. Le violoncelle y met son grain de sel, à la fois majestueux et légèrement bruitiste. We Only Said est sauvagement beau. The way you show your love est lui aérien mais toujours avec ce « dérangement » sous-jacent, ces zébrures noise bridées mais décisives. Exp, antépénultième morceau de l’album, erre sur une voie psyché, aux sons insistants. On regrettera sa courte durée, qui laisse un léger goût d’inachevé. Mais Shoot me, qui débute dans le dénudé pour ensuite s’animer par le biais de sonorités encore une fois imaginatives, simples et pas simplistes, conclut les débats, et les doux ébats, avec joliesse. Magnifique objet.
Photo Florian Marzano