J’ai toujours pris un plaisir cold et ardent à chroniquer le A Second of June de Grégory Peltier et Olivier Stula (sans oublier l’apport conséquent d’Elsa Lion au chant de même qu’aux claviers), délibérément autre, froid et pourtant chaleureux. Ses disques, dont les brillantissimes (si on peut dire au vu de la coloration ombragée de ceux-ci) Psychodrama (2011) et Pastel Palace (2015), entre autres, constituant pour l’amateur de climats « réfrigérés » que je suis de véritables pépites.
C’est dire à quel point, à l’heure où sort cet EP numérique aux deux morceaux de durée étendue (plus de 7 mns pour chacun), nommé Cherry, l’enthousiasme est élevé. Toujours sous couvert d’influences allant de The Cure à Cocteau Twins (froid et éther, dirons-nous), le trio nous régale. A la différence que cette fois, des encarts noise se permettent des apparitions, faisant ainsi partie intégrante de formats à la fois maîtrisés et aventureux. On parle, à leur endroit, de la beauté sombre de Wire et de la vitalité juvénile de New Order; il y a en effet de ça mais n’oublions pas que depuis longtemps, A Second of June a défini avec brio ses propres contours.
Ici, ça débute avec Cherry cherry. On a le froid de Smith et consorts , des élans dream-pop et tout ça se conjugue merveilleusement. Puis des bruits déviants ornent ce premier ouvrage avec à propos. A Second of June nous drape dans une froideur conviviale, rêveuse et pourtant animée. Sa douceur troublée, vaporeuse, souillée de scories shoegaze délectables, soniques, engendrent une première réussite de tout premier ordre. C’est déjà audible, le retour du combo strasbourgeois est réussi. Si l’attente fut longue, elle est ici largement récompensée.
Avec We won’t give up (ils auraient tort…), on s’extrait quelque peu de ce côté brumeux, de la rêverie, pour se faire plus vif. Les sons obsèdent, les basses et autres guitares, à l’unisson avec le chant, brodent une trame répétée qui nous restera en tête. Stylistiquement, on est à la croisée de plusieurs courants; post-punk, cold-wave, dream-pop et électro sont de la partie et à l’arrivée, c’est A Second of June, à la mixture personnelle, qu’on reconnait. Les guitares dérapent, comme chez…Wire, tiens. Trop confidentiel à mon goût, A Second of June vient de signer un superbe EP, qui je l’espère -et ça ne serait que légitime-, lui apportera une reconnaissance étendue.