Second album ds Américains de Charly Bliss après un Guppy (2017) qualifié de « punk impertinent », Young enough transpire lui aussi une certaine fougue, qui peut devoir au punk, certes, mais se veut aussi, souvent, pop-rock appuyé voire power-pop. Le résultat est bon, le chant sucré ou plus affirmé d’Eva Hendricks se couple à une instrumentation enlevée, rageuse même sur Blown to bits qui ouvre la marche. On profite donc à la fois d’un chant attractif et d’élans nerveux, d’embardées où la rythmique s’emporte. Ou encore d’incrustes électro discrètes comme celle qui borde Capacity, au décor de sons synthétiques bien choisis. Si le propos est ici plus léger, il demeure abouti, se pare de guitares éparses mais significatives. Puis trace en mode rock alerte sur Under you, troisième titre lui aussi sans failles. Le groupe sert des mélodies qu’on retient, les place dans la ligne de mire d’un jeu direct sans pour autant manquer de nuances. Il instaure aussi des travaux pop soignés (Camera), avant de retomber dans un format climatique le temps de ce Fighting in the dark peu marquant car trop bref. Ce qui ne l’empêche pas, ensuite, de retrouver des velléités pop-rock de choix (l’éponyme Young enough).
On attend toutefois, c’est ce qu’on préférera chez Charly Bliss, l’allant rock décisif; il vient avec Bleach. On n’est peut-être pas dans le Bleach, grunge et « crade », de Nirvana, mais les mélopées s’imposent et la fraîcheur rock du morceau rafle la mise. On reste ici, de plus, simple dans sa recette. Chat room développe lui aussi une trame pop probante, aux sonorités encore une fois louables. Hurt me, qui suit, suintant une mélancolie doucereuse. Qui, au fur et à mesure de l’avancée du morceau, se fait plus « griffue » tout en conservant son côté aérien.
En fin d’album, Hard to believe expire un rock vivifiant. C’est l’un des extraits clippés de l’opus, l’une de ses chansons les plus réussies aussi. Ceci tout en se voulant accessible, sans détours inutiles. Enfin, The truth termine sur un ton aussi rock, teinté de pop, qui lui permet de signer un disque sans prise de risques, certes, mais émaillé de suffisamment d’essais attrayants pour s’imposer sur la durée.