Adepte de la chanson rock teintée de spoken word, Lo Pailhès a déjà derrière lui un parcours riche, passé entre autres par le rock aux formes multiples. Dessinateur aussi, il s’essaye depuis 2013 à l’effort solo. Avec ce Echos, il donne un bel aperçu de ses aptitudes, textuelles, musicales, en livrant un essai expressif. L’album fait suite à 2 ep’s, A phu quoc instaure déjà une urgence, un genre aussi stylé qu’hérissé. Le mot est vrai, on ne triche pas; c’est la vie qu’on décrit. Musicalement, c’est accompli, riche sans être chargé.
De fait, on adhère et rares seront les moments où l’on flanche. Riffs crus, verbe entraînant (Le train, excellent), incrustes électro jamais de trop (Capitaine); les idées porteuses abondent. Echos raconte des histoires, sans raconter d’histoires, et stimule l’imaginaire. L’ornement est de choix, Lo Pailhès oscille adroitement entre finesse et rudesse.
Constats sociaux lucides (Du nouveau?), trame ludique faite de sons qu’on estimera (Je vous écris), fond racé élèvent un disque de qualité certaine. Celui-ci n’ennuie jamais, son créneau « chanson » s’avère large et habilement serti. Le rendu dépasse d’ailleurs allègrement ce format. Je ne pourrais pas vivre à Berlin Est, prétend t-il dans l’une de ses chansons; peu importe car ladite plage, magnifique, nous prouve qu’en son lieu actuel, il est musicalement à sa place. Quoiqu’à Berlin, en « glaçant » son registre, peut-être atteindrait-il d’autres cimes, après celles tutoyées ici. Mais ceci n’est que supputation de ma part.
Pour l’heure, il nous reste Echos, qui mériterait de trouver…écho, justement, au sein de notre scène. Avec des titres de la trempe de Grisaille (Berlinoise?), ou How it is et sa subtilité attachante qui vite s’anime, ça ne serait que justice. En outre, il tient bon la barre jusqu’à ses derniers instants; Nos Afriques, fait d’une pop-folk sautillante et saccadée, puis pour finir un Lève-toi taillé dans un rock bluesy assez rugueux, de taille, parachevant un disque aux vertus indéniables.