Tiens, encore un jeune talent qui nous tombe dessus. A ceci près que celui dont il s’agit ici, Julius Spellman, est accompagné par le 106 de Rouen, a tété de la Motown (ça s’entend ici joliment), mais a le bon goût de draper ses compositions de relents noise, de déflagrations soudaines qui en renforcent l’intérêt. Ce faisant, il enfante un EP intitulé Lover Loner Loser (la thématique des déboires amoureux l’inspire et ça aussi, ça s’entend de manière profitable). Ayant baigné dans le post-punk rouennais (il y a bien pire comme source de « réflexion »), il en retrace ici l’urgence pour en napper ses cinq morceaux, tous excellents.
Ca débute par Black widow, à la fois classieux et bourru. Entre beauté et rage dans le chant, Spellman sert d’emblée un titre qui le distingue. Le son est presque nouveau, en tout cas imaginatif. Sur Down on my knees, sa voix répond à un chant féminin; l’effet est significatif. Il y a là une classe à la Gaspard Royant, dans ce velouté vivace qui en l’occurrence se « souille » merveilleusement. Notre homme fusionne avec justesse, son Poison aux sons qui ne nous quitteront pas fait à son tour la différence. On décèle également des élans hip-hop savamment incrustés dans le brassage du Normand.
Plus loin, Queen livre une trame plus leste, qui s’entoure elle aussi de sonorités déviantes. Une fois encore, le mix est savoureux. C’est une révélation, on ne s’étonnera guère du choix effectué par le 106, par ailleurs partenaire d’une belle brochette d’artistes du cru prometteurs. Il est rare d’entendre un son aussi unique sans que celui-ci sonne forcé ou finisse par irriter. De voix tirées à 4 épingles en écarts judicieux, Julius Spellman bousilles les écoutilles avec un grand talent.
Dès lors, on éprouvera le plus grand plaisir à écouter, en toute fin d’ep, ce Walk away qui fait dans l’urgence aux traces lo-fi et joue, pour une dernière fois sur cet EP sans fautes de goût ni de dosage, sur des chants divers et, au final, entièrement complémentaires. A suivre de près!