Il arrive qu’on reçoive, parfois -que dis-je, souvent!-, pour les besoins de nos chroniques, des disques de formations existant depuis longtemps et dont pourtant, on ignore tout ou presque. C’est le cas, vous l’aurez compris, avec Orouni et ce Partitions qui démontre un art, affirmé, du songwriting pop option Beatles, option Kinks, option Chassol; option, surtout, pop d’exception aux atours dont on fait avec délices le tour.
En effet Orouni, qui n’en est donc pas pas ses premières notes, mérite ici une très bonne…note. Ses chants se répondent, fidèles à une trame pop-rock acidulée (Aloysius), et l’entrée en matière aura déjà bien dégagé le terrain avec ses airs finauds (Decomposition). On se rend, vite, à l’évidence; Orouni travaille ses compositions, les peaufine, leur donne une âme. Il navigue d’essais tranquilles (c’est le cas sur cette amorce feutrée) en travaux plus vivaces (Former lorry driver, excellent). Synthétique ou organique, la pop d’Orouni ne sera pas honnie. Ses chants plairont, son avenante et fausse tranquillité aussi (The lives of elevators). Un psychédélisme poppy se fait aussi valoir, les mélodies restent en tête, simples et attachantes, notamment lorsqu’elles se doublent d’un léger piquant rock (Charles and Sylvester) qu’on aimerait entendre de manière plus marquée.
Le plus fort, c’est que la prouesse s’étend sur pas moins de 14 morceaux. Parfois entraînants jusqu’à séduire grandement (No news is bad news), décorés avec goût (Henriette Pivots), ils n’atteignent pas l’intensité rock ultime, c’est indéniable, mais honoreront la pop. C’est ce que fait le bien bon Aloysius, Special shadow se montrant tout aussi brillant, pop, oui, mais avec un mordant, et des chants, estimables. On retombe après ceci en terres folk (No features), pour atteindre un bel équilibre.
On attaque alors les 4 dernières plages; folk et fin, Suppression of local control les inaugure en faisant bonne figure. L’allant d’ I was a paratrooper rafle les suffrages. Il remet de l’énergie là où celle-ci se diluait quelque peu. Total novel, saccadé, s’appuie sur des petits sons subtils pour se distinguer. Et à l’issue, Son of mystery souffle une pop à l’allure folk, détendue mais assez vive, assez bien troussée, pour consacrer un Partitions concocté par un groupe qui, sans nul doute, trace sa route sans déroute.