Ayant découvert ce groupe batave avec son premier album (On, 2018), et l’ayant vu enflammer la scène du Safran amienois peu de temps après, je fus vite conquis par cette clique issue d’Amsterdam et jouant une musique…turque, à base de folklore « d’antan » que décorent et épicent des élans psyché et funky, rock aussi.
Avec ce Gece, le combo aux 200 concerts, après seulement 2 ans d’existence, change d’écurie (on passe des excellents Les Disques Bongo Joe à Glitterbeat, sacrée référence également), et réitère la prouesse d’enfanter un hybride musical enivrant, aussi dépaysant que séduisant dans ses fulgurances. Les riffs de Yolcu sonnent une charge cool, déliée, typée, du plus bel effet. Le groove t’inonde, tu es d’emblée dans un autre monde. Accents turcs oui, Anatoliens plus précisent, mais fervents et racés. La guitare, ici, les pimente classieusement. Le départ est fort. Et ça va durer 10 titres, pas un de trop, pas un qui ne dépasse pas allègrement la barre de l’excellence. Folklo et endiablé (Vay Dünya), nourri par 2 chants -l’un homme, l’autre femme-, le registre d’Altın Gün fait tripper et danser. Le saz électrique amène une touche addictive, le métissage du groupe est tout simplement impossible à repousser.
Quand retentit Leyla, à la voix féminine, grattes rock et enivrement folklorique sulfureux copulent. Puis le funk détendu de Anlatmam Derdimi nous emmène à son tour ailleurs. Un ailleurs rarement entrevu, rarement entendu. Défricheur que je suis, je n’ai pourtant jamais rien entendu de tel. Et la dansabilité funky agitée de Şoför Bey, sans pareil, fait merveille. Haut en couleurs, Altın Gün signe une réussite en tous points accomplie. L’osmose est indéniable. Derdimi Dökersem, qui ralentit la cadence, traverse des terres purement turquisantes. Il n’y pas un seul essai, dans ce disque, qui ne passionnera pas son monde.
Passé cette relative accalmie, l’énergie reprend ses droits avec Kolbastı, urgent et subtil. Vigueur rock, musicalité de tous les instants, sons venus de recoins éloignés enchantent. Epicé, Altın Gün délaisse parfois la frénésie sonore pour accentuer l’héritage anatolien (Ervah-ı Ezelde). le boulot est remarquable. Gesi Bağları, céleste, le consolide sur des intonations aériennes, qui « embarquent » très vite. Puis Süpürgesi Yoncadan, dernier titre d’une rondelle plus que belle, laisse les synthés jouer, en son début, pour ensuite transpirer une sorte d’électro-world ludique, folle, psychédélique, elle aussi sans étiquetage possible. MAGNIFIQUE!
Notons que le groupe se produira en concert le vendredi 17 mai, à Bordeaux (Krakatoa)