It’s Sunday, le duo qu’on n’écoutera pas que le dimanche, est constitué de Lucas Lecacheur, habitué des scènes parisiennes (Bad Pelicans, Lemon Swell), et Dawnie Perry, californienne exilée à Paris pour ses études. Ses influences vont de Slowdive aux Mary Chain (dont ils assurèrent l’ouverture en juin 2018, au Trianon) en passant par My Bloody Valentine.
Ce Tissue issues est le premier album de ces deux-là, et d’emblée on est plongé dans un bain de jouvence shoegaze à la tonalité lo-fi (Projection on a sheet), un tantinet slacker de par son côté lascif, paresseux, avant que la cadence ne monte d’un cran. C’est déjà délicieux pour tout aficionado de ce genre ici réhabilité avec brio et bruitisme. Les voix se marient, de plus, parfaitement (l’éponyme, ou presque, Tissue issue où la voix de Lucas évoque Stephen Malkmus). Nouveau régal pour les oreilles élevées aux 90’s, que suit l’appuyé, rugueux et sucré dans le même temps, Pray for the sunshine. Mazette!, ça fait le plus grand bien tout ça, et c’est loin d’être soumis.
De dérapages noisy en chants mélodieux, It’s Sunday ose même la douceur en Français (Comme un fool), et réussit également dans cette entreprise. Le morceau démarre dans la ouate puis se fait plus bruyant, pour ensuite retomber. C’est bien ficelé, c’est une révélation. Leafy friend, bref, est lo-fi, dénudé. De ce fait, le panel parcouru n’ennuie pas. Avec Permanent vacation, c’est un trip lent, étincelant, qui se fait entendre. Il s’habille de sons sales, mais garde ses jolies mélodies. It’s Sunday, vous dit-on. Le duo y va de ses « Ouh-ouh-ouh-ouhhh » auxquels il m’est impossible de résister.
Avec Daisy depression, c’est un peu Pavement qu’on entend, dans sa version « sobre », dépouillée. Chacun des titres jouées est un mini-tube. Go and die suit une même voie doucereuse et tapageuse, entraînante, dont on fredonnera les paroles. Le groupe breake, repart, nous conquiert. Son Hair final, lui aussi « flemmard », me faisant penser, lui, aux Breeders option soft. Le rapprochement est bien entendu flatteur et situe bien le niveau, constamment élevé, de ce Tissue issues sacrément abouti.