Je le savais pour l’avoir vécu deux ou trois fois déjà; Sandra Nkaké en live, c’est une tranche de vie, un entrelac de sons et d’atmosphères, qu’on n’oublie pas. Un voyage entre pop, jazz et soul aux pointes rock que la date de ce samedi soir, l’auteure de Tangerine moon wishes y étant programmée seule à l’affiche, donnait l’occasion, à saisir, de (re)vivre.
Le temps de s’installer, à l’issue d’une attente brève, le transport débute au son de la flûte de Jî Dru, sempiternel compagnon de la Dame, et de la voix envoûtante de celle-ci. Charismatique, Sandra Nkaké démontre que la scène est un univers qu’elle maîtrise et investit pleinement. Son répertoire est feutré mais de choix, il assure la jubilation sensorielle et se pare d’élans hérissés, rock, de bon aloi. La salle est d’ailleurs pleine, on ne s’y trompe pas; le live du soir est un must. L’unisson du groupe le porte haut, son brassage n’est pas que sage et surtout, il s’avère prenant, inspiré.
De velours vocal en orage sonore, ou selon une trame plus sage, le contenu est constamment de choix. Le jeu de lumières le met en exergue, la prestance scénique des musiciens le consolide. Le tout dernier album en date, Tangerine moon wishes donc, est mis à l’honneur. Le live lui donne vie avec effervescence et si Sandra Nkaké parait « assagie » sur les planches, l’illusion est trompeuse; c’est pour mieux nous ensorceler. Les dates prévues à l’espace Saint André, dans la ville d’Abbeville, sont très souvent accomplies et celle du jour sera loin de faire exception. Elle se tient, de plus, dans un lieu qui, pour peu qu’on le fréquente assidûment, incite à la fidélisation.
De danse en transe, en agitant follement un lasso de lumière, en symbiose avec son public, conquis, l’artiste est élégante, dans sa robe rouge seyante. Mais elle s’encanaille aussi, nous réserve des mots, et des échappées, polissons. Le panel émotionnel est ouvert, le spectre sonore large. L’authenticité est visible, palpable. De la soie à des étoffes plus rêches, le concert régale. On s’en extirpe avec le sentiment d’un temps fort, privilégié, aussi intimiste qu’orageux. Et concocté avec passion, avec la mainmise de ceux qui, méritoires, évoluent tout en conservant une approche personnelle et reconnaissable.
Photos William Dumont.