Perilymph est un projet lancé il y a quelques années déjà par Fabien de Menou, Français basé à Berlin. Pour son premier jet, celui-ci avait tout fait, confiant tout juste la batterie à son ami Fabian. Sur ce Deux qui sort chez Six Tonnes de Chair, la composition a été plus « large », Fabien échangeant des idées avec un panel plus large mais s’accaparant en revanche l’enregistrement.
Le résultat, ce Deux entre kraut et psyché, est brillant. Il livre six morceaux aux durées souvent étendues, qui répètent leurs motifs et dont le Avec introductif assène un psychédélisme à la fois leste et virevoltant, à l’impulsion kraut irrésistible. La voix, mélodique, venant tutoyer les nuages. L’entrée en matière est excellente, appuyée dans sa cadence. I’m not where prolonge les bonnes sensations en suivant une voie plus subtile, finaude, qui elle aussi s’envole dans les cieux. De Menou trousse ses essais avec brio. Ses sons font mouche, son climat drape son homme.
Le troisième morceau, après les « douces envolées soniques » de son prédécesseur, appuie à nouveau sur la pédale -pas celle du frein, plutôt celle de droite- pour à nouveau atteindre des sommets psych-kraut. L’album erre à vue entre douceur animée et coups de semonces chatoyants. C’est alors qu’arrive la trilogie Le voyage atomique, avec son premier volet qui traverse des sphères planantes. Perilymph a le sens de l’ambiance, du détail sonore juste. Il transporte. S’il caresse parfois, il malmène avec classe l’instant suivant. Et s’emballe rythmiquement pour notre plus grand plaisir.
Le seconde plage « trilogique » s’amorce de manière brumeuse, puis sert, à nouveau, des sonorités qui incitent à ne pas décrocher. Les synthés nous ouvrent les portes du cosmos, bordent le très céleste Le voyage atomique III qui conclura en truffant l’espace de sons dérangés. Le trip prend aux tripes, hypnotique et prolongé, obsédant. On n’en sort pas indemne et tant mieux, c’est ce qu’on vient chercher à l’écoute et Perilymph s’acquitte de sa mission avec maîtrise et inventivité tout en restant abordable. Et en se parant de guitares magistrales en sa fin, au point de provoquer des « dommages mentaux » positifs pour l’auditeur.