Groupe mythique et durable s’il en est, The Apartments nous fait la surprise d’un live enregistré dans nos terres, à Rennes plus précisément et sur la tournée 2015 du groupe. C’est Talitres qui sort l’objet, destiné par ailleurs à être mis sur le marché le jour du Disquaire Day, soit le 13 avril de cette année 2019. Il est beau, ce Live at l’Ubu; fiévreux et contenu, patiné, il brille par le biais du chanteur Peter Milton Wash, dont on connait la prestance, mais aussi d’un ornement musical de classe. On every corner illustre bien cela; mordant et mélodieux, cuivré avec soin, il amorce joliment l’affaire. Puis No song, no spell, no madrigal suinte cette intensité émotionnelle, cette profondeur dans le jeu, dans le ressenti, propres à la formation Australienne.
Si un opus est d’ores et déjà prévu pour 2020, cette sortie aiguisera entre temps l’impatience. On fait ici dans le feutré distingué, dans une grâce souvent (trop?) posée, on se lie dans le chant (Black ribbons). Swap places valide l’option doucereuse, grave et velouté dans les voix, du disque. Please, don’t say remember apporte toutefois une dynamique plus appuyée, bienvenue quand on connait les penchants plutôt mesurés de Peter Milton Wash et consorts.
On note, bien entendu, la pureté musicale. La sincérité, l’absence de poses. A l’instar de Things you’ll keep, lui aussi cuivré de belle manière. Avec The goodbye train, c’est un rock enflammé qui se fait entendre. Ca fait du bien, un album uniquement fait de « beau » aurait pu ennuyer sur la longueur. All you wanted appuie lui aussi, ensuite, sur la pédale pop-rock. On atteint ainsi un bel équilibre entre le racé et le plus rude.
C’est le moment de « fougue » du live, qui retombe ensuite et pour finir dans une élégance gentiment vénéneuse. Knowing you were loved, à la deuxième partie plus rageuse tout en gardant en lui la portée émotive du groupe, l’amorce sans faillir. Everything is given to be taken away, enfin, mariant les voix sur des « pa pa pa pa pa » empreints de quiétude, en final d’une performance dont l’immortalisation sur support réjouira sans conteste ceux qui, depuis plusieurs décennies, ont écouté The Apartments et usé jusqu’à la corde, entre autres essais, leur Drift ou leur Fête foraine.