Bon, les gonzes jouent depuis plus de 20 ans, transpirent le blues, enchaînent les dates et, avec ce Let’s party down agrémenté d’un cd bonus live, dépassent les dix sorties discographiques pour, sans manières ni flambe aucune, nous mettre sur le flanc.
Avec Awek, en effet, le blues est honoré, que dis-je, vénéré! Le quatuor le joue à l’ancienne avec les moyens de maintenant. Il lui donne de l’allant, signe sur la partie studio la plupart voire la totalité de ses essais. Il sera vain de chercher à en détacher tel ou tel titre; tout est bon et encore, je me modère! Le vécu d’Awek lui permet d’égaler les pointures, de se révéler car pour ma part, je ne connaissais pas le groupe Toulousain avant de recevoir, des mains expertes de Pat Kebra, ce disque de haute volée qui nous met une volée et offre de sacrées envolées. Celles-ci débutent avec Every time, funky et « organisant », prennent fin sur un I’ve been waiting « plus blues tu meurs ». Entre temps, elles brillent de mille feux. Blues mais sans l’ennui, sans les embardées démonstratives qui irritent. Blues doté d’harmonica, blues à la sauce rock, blues jusqu’au bout des cordes. Awek tient la corde. Avec panache et vérité, il joue au même niveau que les pointures. Et convie une belle brochette de musiciens de premier choix, jugez donc: Kid Andersen, producteur du disque, à l’orgue et à la guitare; Rusty Zinn à la guitare; Chris Burns aux claviers; RW Grigsby à la contrebasse et j’en passe…), dont les interventions renforcent très fortement le rendu, déjà superbe.
Le plus fort, c’est que le cd live (Celebrating Awek-25 years of blues, ça vous va sur la durée?), bluffant de classe et de passion, solidifie encore l’emprise d’Awek sur l’auditeur. Bernard Sellam et ses coéquipiers y jouent à l’unisson, polissons. Le contenu est capté à différents endroits et ne retombe jamais à l’envers. Il alterne covers et compos, met en avant l’expertise instrumentale de ses pères. Ceci sans débordements excessifs, avec rudesse et joliesse.
Studio de tout premier ordre, live fiévreux; Awek fait carton plein. Il n’en est certes pas à son coup d’essai, loin, bien loin de là. Mais il semble toutefois se bonifier avec le temps. C’est l’apanage des plus forts, du talent. On oscille, de plus, entre plages lancinantes et ouvertures bien plus vives (Walter’s mood et sa contrebasse qui tabasse). L’équilibre est exemplaire, on ne peut au final que se plier à cette incitation à la « party ». Une party interprétée avec une mainmise étonnante (quoiqu’au vu du pedigree de la clique, cela paraisse logique), dont le contenu frise tout de même, au final, la trentaine de morceaux frappés du sceau blues certifié. Un must!