Les « locaux » savent tous et bien qu’à la Lune, même en pleines vacances de pâques, on a toutes les chances d’entrer en transe et dans la danse. Pour le coup, ceci fut fait de façon endiablée puisque les londoniens de Yak, emmenés par le survolté Oli Burslem, y faisaient étape avec dans leur besace un second album, Pursuit of momentary happiness, légèrement plus « pop » que leur bondissant premier essai. Et, comme sparring-partner, l’Australienne Stella Donnelly et sa pop charmeuse, doublée d’essais folk joués seule.
L’un dans l’autre, cela nous faisait une soirée immanquable de plus, destinée avant toute chose aux amateurs de rock offensif, rugueux et sans complaisance. La brune amorçant en mode guitare-voix, avec un sourire enjôleur et une série de jolies ritournelles, un temps marquant. Elle attire le regard, son jeu aussi et dans la foulée, elle s’accompagne de quatre musiciens pour enchaîner avec des airs poppy plus acérés bien que mélodieux. Tout ça est bien troussé, le charisme tout en retenue de la Dame fait le reste et lui permet une ouverture de nature à marquer très positivement l’esprit des spectateurs. Un bon point et de beaux atouts, donc, pour Stela Donnelly qui fut d’ailleurs évoquée le dimanche soir précédent, lors d’une excellente Private Session, par son ami Louis Aguilar. Lequel, aperçu au sein de la foule Lunaire, a du sans nul doute apprécier la prestation.
Passé une attente assez brève, ce qu’on appréciera forcément copte tenu de l’attente autour de Yak, le trio débarque et sans détour, nous envoie dans les écoutilles une bordée de titres joués avec fougue, de façon sonique, quelque part entre garage, psyché, post-punk et plans pop stylés. Avec Oli Burslem et ses deux comparses, selon une formule qui lui sied à merveille, Yak nous met une claque et détient des atouts énormes. La bourrasque est délicieuse, impétueuse, et déclenche l’hystérie dans le parterre des jeunes fans du groupe. Les morceaux joués sont de très haut niveau et si on aurait pu s’attendre à un set dans la veine du récent opus, plus « sage », il n’en est rien. Rageusement rien, même.
Au contraire, le registre est rugissant. Classe british dégingandée et zébrures sauvages font bon ménage, et ça déménage! Dans la prestation de Yak, on retiendra l’ensemble, compact et mordant à souhait. Les titres estimables, bien entendu, sont nombreux. Mais on mettra en avant, de façon dominante, l’impact et le côté sonique et déchaîné des compositions exécutées ce soir. Ca tombe bien, c’est ce qu’on est venu chercher. Les Anglais maintiennent l’intensité, visiblement ils ne sont pas venus pour boire le thé. Ils retournent la salle avec leur son, jouissivement sale mais audible, et ornent leur live d’éparses « ballades « que des élans rudes viennent lacérer. Magistral, Yak démontre que les sensations nées de ses 2 opus ne sont pas dues au simple hasard. Il distribue de la félicité sonore, nous malmène de ses secousses impulsives, joue en outre sans relâche ni redite. Jouer, c’est le maître-mot et en l’occurrence, on ne s’embarrasse pas d’histoires ou de commentaires superflus. C’est trépidant, excitant, fonceur et authentique; remercions donc la salle et ses initiatives et saluons ce combo, d’ores et déjà consacré, pour cette énième soirée folle dans les murs de la Lune des Pirates.
Photos William Dumont.