Projet initié par Jessica Fitoussi (découverte sur les disques de Mister Modo & Ugly Mac Beer) et Yvan Ginoux (collaborateur déjà « daté » de Rone), qui forment un duo revendiquant la liberté de ton et pratiquant une électro-pop qui, sur ce Sweet rage plutôt bien nommé, s’avère être convaincante, La Mess sort avec ce disque son premier long jet, sur le label angevin Yotanka. D’emblée, d’ailleurs, elle dégage de la vigueur, une ferveur que Beautiful day porte avec brio. Aux confins du trip-hop, il introduit les échanges de manière probante. L’éponyme Sweet rage, ombrageux, le suit avec cette même force de persuasion. On est ici dans un cri, fervent, cadencé, qui prend. Voix et sons s’unissent, portent l’auditeur.
Avec All reasons, on retombe d’un cran dans l’intensité. Toujours sur ce ton trip-hop mais cette fois ralenti, plus posé. Le contenu ne s’altère pas, on préférera peut-être, cependant, La Mess quand elle met son mess, quand elle s’éloigne des sentiers « reconnaissables ». In between marche sur ses traces, tranquille, sobre. C’est avec L.I.E. 2, plus vivace, qu’on retrouve un tempo marqué, tandis que les sons dont use la paire font preuve d’efficience. Sur cette voie, La Mess est roi.
Voices, ensuite, est un peu trop bref pour nous rester en tête. Mais Ergasm, nuptial, aux sonorités réitérées, nous happe. Son rythme nous entraîne, sa voix nous caresse dangereusement. C’est réellement sur ces chemins de traverse que La Mess, à mon sens, donne sa pleine mesure. These days, après cela, passe l’épreuve, lui aussi, de par son atmosphère. Il saisit, aussi, quand il impose son envolée.
On arrive alors à la fin de l’essai commun, qu’honore d’abord un excellent Raw 7. La Mess s’y déploie dans un premier temps lascivement mais de manière prenante, puis plus assénée. On n’est pas que dans la sagesse, c’est ce qui fait l’attrait de ce Sweet rage que L.I.E. 1 termine en développant une ambiance obscure, au terme d’un disque de qualité mais trop épars dans ses écarts, là il se montre à mon humble avis le plus porteur.