Tiens, j’avais presque « zappé » Mudhoney depuis l’excellent Under a billion suns (2006), qualifiant ce dernier, avec mes collègues de promo moniteur-éducateur, de « tuerie ». J’étais tombé, depuis, sur un pas moins bon Vanishing point (2013). J’y retrouvais la flamme grunge crade, la diversité aussi, le verbe critique, de Mike Arm et des siens.
Il faut dire que les gaillards ont rarement fait dans le mauvais, voire jamais. 30 ans après leurs débuts, ils frappent à nouveau fort et juste, armés de ce Digital garbage de haute volée. Qui, de suite, pulse sous l’effet de la basse et commence à tabasser, pour le coup en mode blues-grunge délectable (le bien nommé Nerve attack). Il sonne sale, il sonne pourtant juste. Les mecs accélèrent sur Paranoid core, exercice rock’n’roll des plus convaincants. Mudhoney n’est pas revenu pour faire des courbettes. Il assaille, son Please Mr.Gunman fait dans le rock grungy « maison ». Les morceaux livrés, comme souvent, sonnent comme des hymnes grunge. Kill yourself live, aux touches d’orgues judicieuses, le confirme; Mudhoney ne vieillit pas, ou si peu…
Night and fog lance une amorce presque jazzy, mais canaille. Le morceau menace d’exploser, il s’inscrit dans une retenue griffue. Puis il s’emporte, et nous avec. 21st Century Pharisees arrive ensuite, riffant et remonté. Mudhoney a des choses à dire et le fait avec la classe, et la mainmise, des groupes dont on ne peut se dispenser. Nerveux et inspiré, il offre là un énième monument discographique. Hey Neanderfuck, blues-rock/rock’n’roll, grunge évidement, aussi, lance à son tour son fiel. Un solo court et distordu, génial, l’étaye.
Plus loin, Prosperity Gospel fait suinter son grunge. L’énergie est Stoogienne, la déjante aussi. Messiah’s Lament envoie des notes claires, parvenant ainsi à accroître la portée de l’album. Next mass extinction, doté d’un bel harmonica, marie grunge et élans bluesy, rétro, avec succès. Tout en conservant, il va de soi, l’impact Mudhoney. Digital garbage est rude, varié, cohérent, sans politesse. La fin de cet antépénultième essai part d’ailleurs dans une échappée sauvage, agitée, qui crache.
Enfin, Oh yeah lâche un grunge rapide, direct et aux airs de « tube » du genre, là où d’autres auraient, pour finir, livré un titre apaisé. C’est tout à l’honneur du groupe, une fois de plus magistral et impérial sur ce Digital garbage authentique.