Duo bordelais, Kap Bambino avait dangereusement réjoui mes écoutilles avec Blacklist (2009) puis Devotion (2011). Il y mélangeait, dans une belle générosité (pléthore de titres figuraient au programme), noise, grunge et électro, pour faire court, de manière personnelle et aboutie. Et ce, suivant une énergie débridée.
Avec ce Dust, fierce, forever et après plusieurs années de « mutisme », Caroline Martial et Orion Bouvier reviennent. La vigueur ne s’est pas diluée, elle hante même l’opus et premier constat, qui n’engage que moi: le contenu est moins rock et à dominante, à mon sens, électro. Ce qui, soulignons-le, n’entrave à aucun moment la paire dans son avancée. Le chant aigu de Caroline, asséné, accompagne parfaitement les trames d’Orion. On a droit à des tubes du genre électro-pop (Fossil), le torrent sonore de Kap Bambino ne peut de toute façon laisser indifférent. Avec l’inaugural Fierce, il se fait club, underground, et trace devant lui. C’est la déferlante, Aldamaghia est lui plus directement rock mais ce rock est pris dans le filtre de l’électro tapageuse du duo. Kap Bambino est éprouvant, il roule pied au plancher mais ça lui permet de ne pas flancher. Et on se prend sans résistance à ses sons en rafale, répétés mais malgré tout divers.
Ca va durer treize titres, les Aquitains nous abreuveront de mélodies mutines qui, en live, doivent sacrément « donner ». D’autant plus que sur ledit album, il n’y a guère de répit. On notera peut-être la baisse de tension bien amenée de So-dep, qui a le mérite d’amener un climat plus nuancé à l’ensemble. Puis nos 2 comparses repartiront de plus belle avec Poison, trépidant. Valeur sûre de notre scène, Kap Bambino signe un retour crédible. Et réjouit tout autant quand il s’assagit, si tant est qu’on puisse utiliser ce terme (un excellent Under the ages, brumeux et céleste). Il peut ensuite hausser le rythme, balancer à nouveau du son souterrain (False fact); le rendu est solide.
On louera la présence de chant qui, c’est encore une fois mon humble avis, change la donne et permet une coloration inédite. Tripodz installe son mid-tempo, qui s’emballe et se « hache » dans le même mouvement. Erase ne calcule pas, il fuse et nous entraîne dans son flux. La fin d’album tient d’ailleurs ses promesses et livre un autre standard électro-pop intitulé Dust. Simple et entêtant, Kap Bambino rafle la mise. On sortira de ce disque rincé mais satisfait. No mercy, ultime chanson de l’affaire, envoyant une dernière salve appuyée. Retour sans encombres ni décombres (quoique…), qui laisse augurer de sets furieux et sans bornes.