Affaire britannique gérée par les frères Loveless, Eoin et Rory, Drenge en est avec Strange creatures à son 3ème album. Il y perpétue, en quatuor depuis peu, son « blues-pop grunge » (et un peu plus) qui frappe fort avec le titre d’amorce, Bonfire of the city boys. Entre The Fall et Nick Cave, entre groove et élans vénéneux, allant sans appel, voilà une première tuerie post-punk. Qui déblatère comme les Sleaford Mods et pulse comme personne.
C’est bien parti, très bien parti. This dance fera danser, mais dans le diabolique, dans un rock tendu et pénétrant. On est de toute évidence sur la bonne voie et les mecs donnent de la voix. Le bien nommé Autonomy et ses incrustations électro se montre plus saccadé mais tout aussi bon. On reste dans les sphères. Teenage love, tranchant et un tantinet cold, charpente plus encore le disque des Anglais. L’éponyme Strange creatures suit, évoquant Interpol dans ce qu’il a de meilleur. Entre énergie pure et dure et instants plus nuancés, Drenge envoie comme il se doit.
Son Prom night, bluesy, dégage de la classe. C’est, cependant, toujours un peu menaçant, sous-tendu. Les mecs savent faire. Ils s’y entendent pour faire pleuvoir les hymnes tout en variant leur panel sans s’y égarer. Ici, des cuivres déchirent l’espace. C’est du bon, soigné, travaillé, mais spontané et écorché. No fresh road imposant ensuite ses atours cold ornés à l’électro, aux riffs blues aussi. On continue donc à plaire, chez Drenge, sans le moindre instant de creux à l’horizon.
Les frérots font du rock, varié mais jamais soumis. Never see the signs est rock, justement, en mariant riffs drus et gimmicks synthétiques. Il le fait bien. Avalanches, massif et sonique, est aussi mélodieux. Drenge sait doser ses essais. When I look into your eyes, qui fait gospel-folk « hyper bien foutu », bien joué et bien pensé, concluant en amenant une coloration autre au registre du groupe, déjà bon. Le tout avec énergie et de façon accomplie, comme l’est, incontestablement, ce Strange creatures.