Oh, découverte! Un disque reçu sans infos précises, donc énigmatique, dont je ne parviens pas jusqu’alors à trouver la pochette réelle. C’était assez pour je me fasse une écoute et, après recherche, décèle l’existence de Run Sofa, duo de Charleroi hébergé par le label Jaune Orange (c’est un bon point) et auteur d’un mélange assez puissant entre hip-hop et rock tapageur. Je me rends alors compte qu’un premier album a été édité (Say, janvier 2018) sur le label La Base. Cet EP lui fait donc suite et Weird, première déflagration qui m’évoque Dälek, introduit les débats de manière agitée. On y navigue entre vocaux rap soutenus, vindicatifs, rythme leste et bruits obsédants, semblables à des sirènes. « Weird », répété, fait sensation. Voilà une première salve prometteuse, qui demande cependant confirmation.
Ca sera chose faite sur Ask my cousin, créé dans un hip-hop plus sage mais de bonne facture. Et trompeur puisqu’il tranche avec la suite, dont ce 27 au rap-rock doté de riffs à la Beastie Boys. De la fusion lourde et agitée, tchatcheuse.
On trouve des sons aussi dingues que planants, on en parsème les morceaux de l’EP et ça fonctionne. On met du groove (Not a song) qu’on zèbre de sonorités rock-indus soudaines et décisives. Run Sofa se démarque, la formule a certes déjà été mise en place par d’autres mais les 2 gars s’en sortent adroitement.
The new US (don’t give a shit) lâche un hip-hop dansant, qu’il vrille à nouveau de ses sons ingénieux, dérangeants, dérangés. The joy of missing out dégage assez de créativité pour qu’on y prête une attention soutenue. Les changements d’orientation sont fréquents et s’il brouille les pistes, Run Sofa impose ici sa patte. Son univers est taré, imaginatif. A smile at ur face conclut le disque en rappant classiquement ou presque, avant de faire dans l’expérimental, de « bifurquer ». Ce qui permet un certain « équilibre » entre formats retenus et plages plus explosives, plus aventureuses, au sein d’un EP bien troussé.