Quebécois, Victime fait dans l’agité post-punk troué à la noise, aux excès sonores qui déflorent. En y ajoutant des textes barrés, il frappe fort et avec cet EP de six titres, appelé Mi-tronc, mi-jambe, fera bouger les deux. Il faut dire que d’emblée, on est secoué et jamais ça déplaît. Dénégation, multi-genres ou plutôt « no genre, le démontre: Victime n’est pas là pour se complaire dans la norme. L’entrée en matière est sonique, saccadée, et n’obéit à aucune règle. Les sons sont tarés, trop bons, le rythme haché. On ne cherchera pas à identifier la matière, on l’écoutera et ça suffira. A aller ailleurs, à plonger dans une folie enveloppante. Les 2 gars et la fille confirment avec Diego, à l’urgence post-punk qui pulse puis breake, toujours sur fond de sonorités qui fuient la raison.
C’est bon tout ça, Miséricorde suit la même voie aliénée, oscille entre plans lestes et cadence plus marquée. Qualifié de « folie dance punk bruyante », Victime honore l’intitulé.
Attention ça ne dure sue six titres, on en profite donc à fond et Dodo-prémonition balance une noise impétueuse aussi furieuse que le reste. La touche féminine du chant étire le côté dingue de l’ensemble. Victime est à part, Mi-tronc, mi-jambe et très entier, très intègre. Interlude amène une sérénité toute relative, se répète un peu trop ou, pour être plus précis, gagnerait à être développé, moins linéaire. On s’en moque un peu car à l’issue et pour finir, Conférence de presse suinte un bruitisme lancinant, aux accalmies qui évoquent Sonic Youth dans ses temps les plus « posés ». Mais c’est pour, ensuite, mieux mordre derechef, en mode folie débridée. Trouvaille, en ce qui me concerne, de choix!