Kompromat, kesako? C’est la rencontre de Vitalic et Rebekka Warrior, qui officie chez SEXY SUSHI / Mansfield.TYA. Ca ressemblerait à un « mix » entre la techno berlinoise, Einstürzende Neubauten et Crash Course in Science. Ca serait punk, sombre et doux.
A l’écoute, il y un peu de tout ça et l’association des deux s’avère porteuse. Possession répète, de façon brumeuse, « Nous ne sommes personne », « Nous ne valons rien » et autres refrains dévalorisants, ceci avec, visiblement, une belle ironie. Eh bien en amorçant son album de la sorte, Kompromat sera bien loin de n’être personne. Son début céleste est suivi d’un essai appuyé, intitulé Traum und existenz, qui fonce et impose son ombrage, ses sons et son chant en Allemand, à notre cerveau heureux d’être ainsi « malmené ». Son énergie fait la différence, et consolide une entrée en matière concluante. Les trames de Vitalic et la voix de la dame font bon ménage. Et le groovy Niemand, super morceau électro à nouveau exprimé dans la langue de Goethe, fera remuer les bassins. Kompromat varie déjà, installe des climats qui, sans forcément se ressembler, forment un ensemble pertinent.
De mon âme à ton âme marie Français et Allemand, démarre sereinement. Il y a du Mansfield.TYA dans ce morceau, léger, prenant, envoûtant. Chacun met son expérience au service de Kompromat et ce, dans une belle unité. Die tausende Herbste fait pulser des sonorités d’abord retenues, puis qui s’agitent sous l’effet d’une cadence alerte. Encore une fois, l’essai est abouti. On est alors à mi-chemin de l’effort, on bascule avec Herztod dans la seconde partie de celui-ci et on demeure, pour le coup, dans de l’obscur bien underground, rythmé, bien troussé. Le recours à Allemand authentifie les accents berlinois et le disque transpire une vigueur qu’on ne fuira pas. Il y a là des incartades expérimentales, de la folie transmissible. On ne fait pas dans la complaisance; Einfach da sein le prouvera dans la foulée, en passant d’une forme d’ « apaisement » à un rythme à nouveau affirmé, bardé de sons made in Vitalic. Des breaks bien vus étayent par ailleurs le morceau.
On se prend bien entendu au jeu. Le goût des cendres le prolonge, sombre, nuageux, chuchoté dans le chant. Là encore, un break bien amené fait de ce titre un must. Traum und existenz nous prend dans sa nasse. Auf immer und ewig, massif, nous y retient. Créative, la paire est à son affaire. Le registre est souterrain mais dans le même temps, il se pare d’incrustes plus aériennes. Et ça prend. On danse sans retenue. Das Konterfei n’interrompra qu’à peine, à son issue, les vifs mouvements provoqués par l’album de Kompromat. Avec sa portée douce, ensuite plus barrée, il étendra l’éventail du groupe et conclura sobrement un opus à écouter fort et souvent.