Punk-wave, quoi ce truc?? Qualifié de la sorte, Bracco fait du Bracco, point barre. Il touche à la cold-wave, au synth-punk, pratique une musique dingue qui nous rendra fous. Avec ce Grave, le duo de Montreuil frappe fort et dissonne d’emblée (Stop dancing). Son Fribourg introductif, au ton sombre, montre qu’en l’occurrence, on est bien loin des conventions. Guitares qui crissent, sons qui vrillent; Bracco dispose d’atouts indéniables, qu’il arrive ici à parfaitement associer. Il a de plus le mérite de faire dans le court, directement efficient.
Sur l’éponyme Grave, les claviers se font hypnotiques, le rythme rachitique. On entre dans une transe grise, braqué par Bracco. On évoquera Suicide, Loren et Baptiste tutoient la noirceur folle de Rev et Vega, certes, mais cuisinent à leur sauce. Les ingrédients prennent, leur Die indus en son début, saccadé, fait à son tour sensation. Il hausse subitement la cadence, fait dans le chaos addictif. On plonge dans des abîmes de désenchantement, on s’éprend de cette sortie signée par le très précieux Le Turc Mécanique.
Bracco maintient la pression avec Chicken, aux sons rêches. Musicalement, il pioche large et ses synthés dérivent pour notre plus grand bonheur auditif. Chez Bracco, le mainstream n’est pas le bienvenu. Wave me not le confirme, l’album emprunte des sentiers hors-formats. Sur ledit titre, la paire breake, puis réinstaure l’excès sonore, hautement réjouissant. Réjouissant, si tant est qu’on puisse utiliser le terme au sujet de Bracco tant il opte ici, et on l’en approuvera, pour le « dark », le bien nommé Infected l’est tout autant. On profite incontestablement d’une découverte de taille, ce Infected rappelant autant les clubs que la musique cold « d’antan ».
A l’heure de finir, Grave incluant au final huit titres qui tiennent la chaotique route, l’insoumission de Tune, teintée d’une électro dopée à la colère rock, remplit aisément sa mission. Volutes synthétiques et décharges organiques se donnent le change, Bracco vient de lâcher sa bombe synth-cold, imparable, et peut déjà briguer une place de choix dans la scène hexagonale, décidément riche en formations estimables.
Photo Juliette Gamblin.