Il est de ces retours qui « font du bien ». Depuis 2010, un premier album et un article ici même, l’Accident de Laurent Maudoux et Jérémy Monteiro s’était fait oublier. Aujourd’hui et à la faveur d’un contact initié par le sieur Monteiro « himself », me voilà à écouter ce nouvel EP frais comme une brise soutenue, intitulé Dernier voyage. Vivifiant, d’obédience eighties certes, comme le premier essai du duo, mais sacrément vif et, surtout, accompli.
Il faut dire que les deux gars ont de la route, ont vécu des expériences qui sans conteste auront aiguisé leur savoir-faire. Aline, Young Michelin, Dondolo, entre autres, ont bénéficié de leurs services. Mais c’est sous l’étendard Accident, qui évoque aussi bien Darc que Daho, Le rock que la new-wave (l’excellent et introductif, éponyme aussi, Dernier voyage), qu’ils performent désormais. Et si l’amorce décrite plus haut promet, Oh Amalia poinçonne le ticket de retour des deux acolytes, bons dans leurs sons comme dans leur verbe. Les tonalités mélodiques rappellent d’ailleurs Aline, sa splendeur mélodieuse, son allant poppy irrésistible.
Décrit comme le choc du mainstream et de l’underground (on en est effectivement assez proche), Accident en réussit l’amalgame ajuste. Et c’est tout sauf accidentel. Les synthés trouent les 80’s (Amour gloire et beauté), mélodies sucrées et sons astucieux voisinent. On pense à John Maus pour l’étrangeté sonore, pas étonnant que l’artiste soit cité dans la bio d’Accident. Sur la route fonce, new-wave, nourri, à l’instar des autres titres, par ces claviers au bordurage prenant. Tiens, dans le mot, dans l’étayage sonique aussi, on pense derechef à Aline. Et ce n’est pas mauvais signe!
Avec Déjà vu déjà fait, c’est Gainsbourg, dans l’orientation musicale, dans le « phrasé », qui surgit. Le niveau ne retombe pas. On reste dans l’élevé et Accident est bien loin de la déroute. Les synthés, une fois de plus, se mettent en évidence. C’est alors Amour 95, plus céleste, tout au moins en son début et avant qu’il ne hausse la cadence, qui fait copuler voix narrative, songeuse et expressive, et sonorités imaginatives, « rétro » sans en faire trop, en conclusion d’un EP qui risque de faire mieux qu’illusion.