Si la Lune des Pirates d’Amiens brille depuis longtemps par sa programmation, il importe de souligner qu’au sein de celle-ci, les Bruits de Lune du mercredi soir, à raison d’une fois par mois, trouvent une place de choix et méritent un intérêt tout particulier.
En effet et outre des chroniques, interviews et autres lots à gagner, deux lives s’y tiennent, souvent source de révélation éclatantes. En ce mercredi de mars et pour l’anniversaire des 9 ans de curiosités culturelles de Radio Campus, qui diffuse sur les ondes le contenu de ces Bruits de Lune qu’on aime à entendre, les invités étaient encore et comme à l’accoutumée de choix. Ondine Horseas, dans un premier temps, a en effet tiré son épingle -folk mais pas seulement- du jeu, en jouant un set dépaysant, par le biais d’un violon ou de percus qui embarquent leur monde. Le duo de Marcq en Baroeul, habituellement quintet, s’inscrivant dans un créneau original, bien éloigné d’une politesse folk ennuyeuse. On fait dans la mélodie, certes, mais dépolie: on s’autorise des incartades, on chante avec grâce et/ou à l’unisson, on s’emballe pour emmener son assistance ailleurs. C’est une belle découverte, à l’identité déjà perceptible, qui se laisse ici cueillir.
« Celto-africaine », la musique d’Ondine Dispagne et ses acolytes est singulière et surprenante. Elle permet une bien belle amorce et passé ce moment marquant, de même que l’interview de la paire, un Amour Formica plus qu’attendu foule les planches lunaires face à une assistance très dense. La Lune est pleine pour accueillir le duo, qui, venu de nulle part (je ne le connaissais, étant pourtant « défricheur », que très peu), va mettre le feu à la salle avec ses ritournelles chantées dans plusieurs langues, aussi ingénieuses que désinvoltes, truffées de synthés captivants et exécutées par une paire complice et polissonne. C’est du bon, c’est à part et là encore, on a à faire à une formation à la présence forte. Qualifié de « pop glauque synthétique » en termes d’orientation musicale, Amour Formica nous donne de l’amour, sonore, et chante des airs entêtants, addictifs, qui démontrent que dans cette ville d’Amiens, le talent n’est pas absent. Joyeux anniversaire, imparable, et bien d’autres morceaux « maison » raflent l’adhésion d’un public qui en aura pour son fric, puisque les Bruits de Lune sont quoiqu’il en soit…gratuits. Nul besoin d’aller loin, les deux petits pingouins sont pour nous aux petits soins; gentils et espiègles, ils embellissent notre soirée.
On les remerciera donc chaleureusement, de même que Radio Campus (87.7, si tu savais pas…), la Lune (Quai Bélu, si tu savais « encore pas »), en même temps qu’on prendra date pour, dans un avenir immédiat, les dates lunaires et les prochains Bruits de Lune qu’on pressent déjà « Campusiens » à souhait et synonyme de trouvailles sans failles.
Photos William Dumont