Suisses, The Staches peuvent se fendre, depuis 2014, d’une belle « pelletée » de sorties discographiques, constituées d’un rock jubilatoire, un tantinet foutraque, qui gicle à nouveau de manière plus que profitable sur ce This lake is pointless. Et use de voix féminines mutines, d’une folie à la B 52’s, de breaks bien placés (Great depression) qui débarquent en plein milieu d’un flux rock irrésistible. C’est savoureux tout ça, claviers fous et guitares en colère se donnent le change avec brio. On est dans le lo-fi, dans le guilleret indé et ça peut tanguer tranquillement (Fake stomach ache) comme, l’instant d’après, dézinguer avec une énergie punkysante (Savory savior). Les Helvètes sont des esthètes destroy, pratiquent un rock sauvageon qui souvent fait dans l’urgence, et rappellent The Fall en certains recoins (Beaver love) pour la folie dégagée et l’imagination sonique débridée.
Avec l’opus en question, le clou est définitivement enfoncé. On ne s’ennuie jamais, bien au contraire. La basse fait onduler sur Thank God for Mc Donald’s, les synthés lui répondent avec hardiesse. On suit The Staches dans leur déchaînements, fréquents, tout comme on apprécie leurs tentatives plus « posées », si l’on peut dire (WV race).
Le plaisir s’étend de plus sur treize titres, psyché loufoque (Circus), et de façon constante dans le sillage de sonorités dérangées, addictives. Globalement, c’est plutôt 90’s mais ce qu’il faut retenir, c’est que le groupe fabrique son identité ou, plutôt, la valide avec maestria tant elle est, depuis quelques temps, forte et porteuse. A l’image de ce In vain de haute volée, ou encore d’un Hyper punk fonceur et bien nommé. This lake is pointless est une réussite capable d’aller chatouiller les pointures, on pourrait même dire au fil de l’écoute que le groupe en est désormais une.
On ne fait pas, de plus, dans la convention. L’effort n’en est que plus fort, Hummus le termine brièvement mais en usant de sons « maison » et d’une orientation subtile et soutenue qui fait sensation. La Suisse compte de nombreuses formations valeureuses, The Staches en est et vient de nous livrer un essai qui évoque aussi, de temps à autre, Pavement. C’est dire la fiabilité du disque, paru par ailleurs sur 2 labels aussi foncièrement « différents » que lui.