Duo explosif, KO KO MO avait déjà fait saigner certaines oreilles avec son premier album, Technicolor life (2017). Fort, dans les semaines à venir, de ce tout nouveau Lemon Twins, il franchit un palier et (re)sort la machine à riffs, le tout sur des cadences souvent élevées. On sera bien loin de s’en plaindre!
En effet, Warren Mutton et K20 ramonent sévère, incluent une électro « de maintenant » qui complète judicieusement leur panel 70’s énergique, et réussissent ainsi à « pondre » un opus survitaminé, que colore un chant à la Robert Plant. The Lemon Twins, en amorce, donne déjà une idée de l’intensité dégagée. Bref, d’obédience 70’s option remontée, l’instrumental est en fait le prélude à ce Self love age de tout premier ordre, qui de suite déclenche une danse aux airs de pogo. Racée et sans fard, la musique des deux acolytes dépote. De plus, KO KO MO ouvre son univers, y laisse entrer des salves funky, et joue en rang serrés. So down riffe hard et ralentit le tempo, se fait bluesy mais reste acéré. Ready for the storm fait dans la subtilité, suivant un déroulé plus folk. Quel que soit le chemin tracé, KO KO MO s’en sort avec brio. Il aime pulser en invitant à la danse (White house blues). Son blues, c’est pas d’la bouse et constamment, le rendu séduit.
S’il sort sur le label Les Disques en Chantier, l’opus est sacrément abouti. A deux et avec vérité, la paire incruste des plages électro qui n’en font pas trop. C’est sexy et puissant, on riffe de nouveau sans faire semblant quand se présente Now or never. On est pris dans le flux, emporté, et on se laisse évidemment porter. Blues leste sur Interlude: brothers, rock’n’roll franc sur Shake off your fear, tout est à prendre. Ca fait le plus grand bien, même, d’entendre un tel ouvrage, direct mais pas dénué de nuances.
Rodé au live, KO KO MO en retrace ici la vigueur et l’authenticité. Il fera danser et brailler, n’inspirera aucun temps mort. Il nous régalera de titres un tantinet plus « posés » (le superbe 25 again qui bénéficie de l’organe de Leila Bounous, ex Orange Blossom). Sur ce dernier, l’ambiance est bien évidement orientale, dépaysante. Entre rudesse, plages tribales et sons venus de loin, on est derechef embarqué. On aura de fait beaucoup de mal à retomber quand sonnera Somewhere, conclusion ondulante, saccadée, entre blues et incartades funk, d’un disque « high level ».
Photo Jean-Marie JAGU