Bordelais, donc en phase avec notre « zine » ayant récemment fait peau neuve, Eiffel sort avec Stupor machine son sixième album en 18 ans. Majeur, donc, il se montre belliqueux et attaque fort avec un Big data dont l’Anglais rockisant donne le la, celui d’un registre tranchant mais respectueux de la mélodie. C’est bien engagé, et notre langue-mère revient sur Cascade, aussi pop que rock. Comme chez Luke ou Deportivo, le rock « à la Française » trouve là ses notes de noblesse, tant textuellement que musicalement. Les textes, de surcroît, disent des choses. Ils abordent des sujets loin du creux, posent des questions et incitent à la réflexion. Manchurian candidate, furieux, punk dans son énergie jamais jugulée à part sur un break bien placé suivi d’un chant plus doucereux, fait du trio introductif une « putain » de réussite. Celle-ci se voyant étayée par le poppy Chasse spleen, pas moins porteur.
Vous l’aurez compris, on est pour le coup dans un panel de qualité, qui a de plus le mérite de ne jamais faire dans le mélodieux synonyme d’ennui. Miragine, au rock riffeur et pulsant, la jouant lui aussi rude et sans manières, au point de nous refiler une Migraine bienfaisante.
On est heureux, de fait, de retrouver un groupe aussi remonté. S’il nous sert, dans la foulée, un N’aie rien à craindre apaisé, on ne lui en voudra pas; le morceau est beau. Et Pêcheur pêcheur, quasi punk-rock, fera de toute façon remonter le tempo de manière singulière. Avec Hotel Borgne, le propos se dénude. Il continue malgré tout, fort de mots au sens profond, à toucher son auditeur. Il se pare de jolies guitares, puis laisse place à Oui, auquel…on dira oui pour son mid-tempo qui nous gagne sans effort. Et qui use de riffs explosifs couplés à des instants « caressants ». Stupor machine est bon et ne fléchit à aucun moment. Chocho, serti de sons chatoyants, faisant rugir une pop classieuse.
Classieux, Gravelines le sera aussi. Piano et voix suffisent à le porter. Escampette fait parler la poudre rock , dans le ton récurrent de ce Stupor machine qui, sur ce titre, prend aussi des penchants dansants. Eiffel est au sommet de la tour, sa majorité lui permet de définitivement s’affirmer. Terminus, chargé de finir l’essai, se réduisant au plus simple appareil, ou presque, à l’issue d’un disque rugueux et accompli.