Actif depuis 1997, excusez du peu, le Da Capo d’Alexandre Paugam délaisse quelque peu, sur ce By the river, les effluves jazzy « d’antan », les vignettes climatiques, pour une attaque plus « directe. Ceci sans perdre en mélopées enchanteresses (le très beau, et acidulé, Between us). Lion, premier des dix morceaux joués, scintille déjà dans son ombrage, balance entre joliesse pop piquante et traits rock bienvenus. Paugam fait usage d’ingrédients mesurés, s’en tient à un étayage large mais jamais trop chargé. Son Take it cool sert un rythme chaloupé au ralenti, une voix émotionnelle. A renfort de ritournelles sincères et prenantes, le disque fait mouche en faisant souvent la fine bouche pop. Malgré son calme apparent, il dévoile une certain intensité, s’emballe rythmiquement sur Do it again et ses riffs efficients. Da Capo peut se fendre d’une expérience significative et la met ici au service de son oeuvre. Tout est ajusté, peaufiné, avec ce qu’il faut de souillure élégante pour donner du coffre à By the river. Des cuivres s’y invitent, les guitares s’y font parfois insistantes.
Le temps de Fortress, ce sont les cordes qui nappent l’essai. On retombe, en l’occurrence, dans une douceur enveloppante. Like a friend sonne plus électro-pop, se montre plus entraînant. Le parisien est doué, se distingue aussi, ici, vocalement en installant un timbre plus grave. L’étayage sonore, derrière, sonne toujours aussi juste. La qualité de l’ensemble me rappelle alors que j’ai en son temps et très certainement à tort « zappé » l’album d’Alexandre Paugam. L’occasion est belle, avec l’album en présence, de combler la lacune. No one else met le piano en avant, associé à ce chant toujours entier, sans fard. Ce qui fait que même dans ses plages les plus sages, Da Capo convainc.
Il a en outre le mérite, après cela, de concevoir des travaux plus « polissons », tout en conservant une finesse totale sur Miracle man, doté toutefois d’élans plus soniques. Quant à Let’s fall in love, il suinte une pop à la fois psyché et gentiment sonique. Paugam y étincelle à nouveau vocalement. Puis c’est Anna, subtil dans son acoustique, plus rude dans son électricité, qui conclut avec classe un disque de choix, bien équilibré entre douceur sans ennui et attaque plus franche.